Avec notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde
C’est pour non assistance à personne en danger et pour avoir retardé les secours que le moine Zhong Zhou devra passer onze ans derrière les barreaux. Agé de 46 ans, le condamné n’est autre que l’oncle du moine qui est décédé quelques heures après s’être immolé. Le fait de cacher le corps brûlé de son disciple pendant onze heures en le privant de soins a entraîné la mort de ce dernier, relate l’agence Chine Nouvelle. La justice du Sichuan vient ainsi d’inventer le crime de complicité d’immolation dont devront répondre deux autres moines mardi prochain devant le même tribunal.
Pour appuyer sa démonstration, le procureur a fait état d’une centaine de « preuves » confirmant l’accusation. Une version que ne partagent pas, évidemment, les accusés qui, dans la tradition bouddhiste, souhaitaient conserver le corps, craignant qu’il ne leur soit pas rendu si les policiers venaient à en prendre possession.
La mort du moine Phuntsog (« Peng Cuo » en chinois) le 16 mars dernier a réveillé la colère de l’ethnie tibétaine. Le monastère de Kirti est connu comme un bastion de l’opposition au pouvoir central de Pékin. Pour la deuxième fois depuis les émeutes antichinoises de Lhassa en 2008, un moine s’immolait alors par le feu.
Des barrages routiers ont été installés dans un rayon de 150 kilomètres autour du monastère bouclé par la police. Pour le procureur chinois dont les propos étaient traduits en tibétain pendant l’audience, l’acte du moine Zhong Zhou est « contraire à l’esprit bouddhiste ».