Avec notre correspondant à New Delhi, Pierre Prakash
C’est la première fois qu’une enquête officielle établit la présence de fosses communes dans la province du Cachemire indien, déchirée depuis plus de 20 ans par une violente rébellion séparatiste. Après trois ans d’enquête, la Commission régionale pour les droits de l’homme affirme en effet avoir découvert un total de 2 730 corps, répartis sur 38 sites différents, tous situés le long de la frontière avec le Pakistan.
Selon les archives officielles, ces tombes anonymes abriteraient les cadavres de combattants séparatistes abattus par les forces armées. Mais les enquêteurs ont d’ores et déjà établi que 574 d’entre eux étaient en réalité les corps de villageois des environs, ce qui laisse penser qu’une bonne partie des autres corps sont aussi ceux de civils.
Les atrocités commises par l’armée dans cette région majoritairement musulmane au nom de la lutte anti séparatiste sont en effet bien connues, les soldats indiens ayant souvent tendance à considérer tous les Cachemiris comme des terroristes en puissance. Au total, on estime à plus de 10 000 le nombre de personnes disparues sans laisser de trace depuis le début des violences en 1989, le plus souvent après avoir été arrêtées.