Des centaines de personnes convergent actuellement vers le stade central de New Delhi, portant drapeaux indiens et béret blanc traditionnel, où il est écrit : « Je suis Anna ». L’arrestation d’Anna Hazare a provoqué des vagues de protestation spontanées dans tout le pays, démontrant l’impressionnante popularité de ce militant anticorruption de 74 ans. Mais son combat radical, lancé pour que tous les élus, dont le Premier ministre, soient contrôlés par un nouvel organe anticorruption, ne s’arrête pas avec son arrestation : à l’instar de Gandhi, Anna Hazare a commencé son jeûne en prison. Des centaines de ses partisans imitent ce geste, dans plusieurs villes indiennes.
Le gouvernement a rétorqué que le lieu de cette grève de la faim n’était pas approprié, et que cette pression intransigeante n’était pas démocratique. « Les lois sont faites au Parlement, et non par des militants », a déclaré le ministre de l’Intérieur.
Avec son physique à la Gandhi, Anna Hazare, 74 ans, n'en est pas à son premier combat. En avril 2011 déjà, cet activiste hindou entame une grève de la faim pour exiger une nouvelle loi anticorruption dans le pays. Il réclame l'entrée en vigueur d'un « lokpal », un bureau de médiation composé pour moitié de membres du gouvernement et de l'autre de membres de la société civile. Sa demande recueille le soutien de plusieurs dizaines de milliers de personnes en Inde.
Au bout de trois jours de grève de la faim, Anna Hazare et le gouvernement s'entendent sur un texte. Mais quand celui-ci est rendu public à la fin du mois de juillet, Hazare se dit extrêmement déçu. Et pour cause : selon le projet de loi, seuls les ministres et les membres du Parlement devront rendre des comptes à la Commission ; le Premier ministre et les juges de la Cour suprême seront exclus du dispositif pendant la durée de leur mandat. Anna Hazare menace alors d'utiliser à nouveau la méthode du « jeûne jusqu'à la mort », inspirée du Mahatma Gandhi, si le texte n'est pas modifié.
Il s'apprêtait à mettre cette menace à exécution quand il a été arrêté ce mardi 16 août par la police indienne. Anna Hazare a refusé sa libération sous caution, et restera donc en détention préventive pendant au moins sept jours.