Avec notre correspondant à Bombay, Sébastien Farcis
Pour Anna Hazare, le leader de la contestation anticorruption, le projet de loi présenté ce 4 août 2011 aux parlementaires indiens produira des résultats trop faibles à ses yeux. Celui qui revendique l’héritage de Gandhi demande donc à ses supporters de brûler des exemplaires de cette loi en signe de protestation.
Et le feu a déjà commencé à brûler dans le centre de New Dehli, alimenté par des dizaines de copies du projet de loi anticorruption. Anna Hazare, ce gandhien de 73 ans, et ses milliers de supporters dénoncent un texte à l’étendue beaucoup trop restreinte : le projet de loi exclut, par exemple, les actions du Premier ministre pendant la durée de son mandat, ainsi celles que des juges et des députés lors des comités parlementaires.
Mais c’est aussi toute la corruption au quotidien, au niveau plus local, qui est oubliée dans ce texte. C’est ce qu’explique Arvingh Kejriwal, membre du comité de préparation de la loi.
« Cette loi ne concerne que les hauts fonctionnaires de l’Etat central. Mais la corruption municipale, des agences de l’eau ou de l’électricité, est absente. La prochaine fois que vous irez faire votre passeport, vous devrez toujours payer un pot de vin, car ces domaines, eux aussi, sont exclus. Qu’est ce qu’il y a donc dans cette loi Lokpal ? Nous demandons que soit prise en compte la corruption des fonctionnaires des Etats fédérés, grâce à des tribunaux locaux. Et le Parlement ne peut pas introduire ce genre de juridiction ».
La pression du groupe d’Anna Hazare, ce militant anticorruption très populaire en Inde, a déjà permis d’inclure dans le futur texte de loi des peines de prison à vie pour les faits de corruption. Mais les fausses accusations seraient également punies de prison.
Ce militant de 74 ans, qui s’inspire des actions de Gandhi, prévoit donc de recommencer une grève de la faim le 16 août 2011 pour protester contre un projet de loi anticorruption trop restreint.