L’économie nippone est toujours dans le rouge. Le gouvernement vient d’annoncer un ralentissement de 0,3% du PIB au deuxième trimestre, mais ce recul, de 1,3% en rythme annuel, est inférieur aux prévisions des analystes. Il s’agit du troisième trimestre consécutif de décroissance depuis la catastrophe qui a dévasté le nord-est du Japon il y a cinq mois.
Les secteurs clefs, l’électronique et l’automobile, piliers des exportations, ont été particulièrement touchés, en raison des destructions d'usines de matériaux et composants, des dégâts sur les infrastructures essentielles et de la rupture de la chaine d’approvisionnement. L’activité industrielle a aussi été ralentie par l’accident nucléaire de Fukushima qui a entrainé l’arrêt d’une grande partie des réacteurs et donc une baisse de la production d’électricité.
Reprise de la consommation des ménages
Le Japon est en récession, mais plusieurs indicateurs montrent que le pays devrait sortir prochainement de l’ornière. Une reprise qui se fait plus rapidement que prévu comme l’explique Evelyne Dourille Feer, spécialiste du Japon au Centre d'Etudes Prospectives et d'Informations Internationales (CEPII) : « au niveau des industries dans les régions sinistrées, près de 90% de la production a repris cet été alors que l’on attendait seulement une reprise en septembre. La consommation des ménages a également repris, notamment les appareils économes en énergie mais également au niveau de la restauration. La croissance est aussi soutenue par l’effet reconstruction qui va commencer à se faire sentir à partir du mois d’octobre ».
Le groupe automobile japonais Toyota a ainsi indiqué qu’il allait retrouver dès septembre, son niveau de production d’avant le séisme. Le constructeur annonce l’embauche de près de 4 000 employés temporaires. Les géants de l’électronique, Sony, Panasonic et Nintendo, affichent également un regain marqué sur les marchés boursiers. Les investisseurs parient, en effet, sur une reprise de la demande intérieure.
La cherté du yen
Un rebond de l’activité que l’on doit bien entendu au budget de la reconstruction mais aussi à l’acharnement des petites et moyennes entreprises qui ont retrouvé leur niveau d’activité avant la catastrophe naturelle. Les PME japonaises ont reconstruites en un temps record leurs usines détruises, elles fournissent au monde entier des composants à très haute valeur ajoutée que leurs concurrents chinois et coréens n’arrivent pas toujours à fabriquer.
Restent néanmoins deux obstacles de taille. D’une part, l’inconnue nucléaire. L’arrêt de près des trois-quarts des réacteurs force le pays à réduire l’usage de l’électricité, ce qui affaiblit l’activité économique. Et d’autre part, le niveau très élevé du yen vis-à-vis du dollar et de l’euro, qui incite les entreprises nipponnes à transférer une partie de leur activité à l’étranger, pour travailler en zone dollar. Cette cherté du yen a poussé récemment les autorités à intervenir sur le marché des changes. Avec pour objectif de permettre aux japonaises de rester compétitives sur les marchés extérieurs pour continuer la reconstruction du pays.