Avec notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde
Après les médias officiels, Wen Jiabao est donc le premier responsable politique chinois à sortir de sa réserve concernant la crise des dettes souveraines américaines et européennes. Ces propos suivent un entretien téléphonique mardi entre le vice-Premier ministre Wang Qishan et le secrétaire américain au Trésor Timothy Geithner. Des échanges qui traduisent les tensions après le vent de panique qui a affecté les Bourses en Asie mardi.
Contrairement à la presse chinoise qui n’a pas hésité ces derniers jours à accuser les Occidentaux et en particulier les Américains de vivre largement au-dessus de leurs moyens, le Premier ministre ne montre pas directement du doigt ceux qu’ils sermonnent. Mais, les propos sont suffisamment clairs pour être compris de tous : « Les pays concernés dit le chef du gouvernement chinois doivent adopter des politiques monétaires et budgétaires concrètes et responsables afin de réduire leur déficit et résoudre leur problème de dette, pour permettre un fonctionnement stable et sûr du marché des investissements et pour maintenir la confiance des investisseurs dans le monde ».
Inquiétudes à moyen terme
« Les investisseurs sont rassurés par le fait que la Banque centrale n’a pas relevé le taux de réserves obligatoires (malgré les nouveaux chiffres de l’inflation en juillet) explique Yao Wei. Le gouvernement central a montré sa détermination et sa confiance poursuit cette analyste à la Société générale à Hong Kong même si nous restons pessimistes sur la solution que les Etats-Unis peuvent trouver à leur problème de dette. »
La Chine de 2008 n’est en effet plus celle de 2011. Le ralentissement des économies américaines et européennes pourrait donner un coup de frein aux exportations chinoises et la demande intérieure chinoise n’est pas encore prête a assurer la relève. Pékin a, de surcroît, les mains liées avec l’inflation (+ 6,5 % en juillet).
Plus question de plan de relance et d’injecter des centaines de milliards de yuans dans l’économie comme c’était le cas à l’époque des Jeux olympiques. Les autorités chinoises craignent des troubles sociaux et font tout, au contraire, pour ralentir le train de la croissance sachant qu'un nouveau plan de relance en interne risquerait d’alimenter la hausse des prix et de plomber d’avantage l’endettement des gouvernements locaux déjà largement affectés par l’effondrement du marché immobilier.
Or cette abondance de liquidités doit bien aller quelque part, il est donc dans le même temps très difficile pour la Chine de sortir du jour au lendemain de sa dépendance aux bons du Trésor américain.