Avec notre correspondant à Bombay, Sébastien Farcis
L'une des bombes qui a explosé hier soir a été déposée à un arrêt de bus, le long d’une école, dans le quartier de Dadar. L’abribus et le mur de l’enceinte ont été soufflés par l’explosion, ainsi que les vitres des magasins d’en face.
Très peuplé, ce quartier résidentiel est un carrefour pour la circulation dans Bombay en fin de journée, proche de plusieurs stations de train. Surtout, l’explosion a eu lieu moins d’une heure après la sortie des classes, et les habitants qui acceptent de s'exprimer sont encore sous le choc, à penser qu’à quelques minutes près, l’explosion aurait provoqué un carnage, et tué des dizaines d’écoliers.
La région de Bombay a subi sept attentats en dix ans
Nidha venait de quitter son frère de 15 ans, devant le lycée Antonio Da Silva, quand la bombe a explosé. Cette fille de 20 ans se trouvait alors à une centaine de mètres du lieu de l’explosion.
« J’ai pensé que c’était une bonbonne de gaz qui avait explosé, car le bruit était terrible, j’ai eu peur pour mon frère. Mais quelques minutes après, il m’a appelé, il était à la maison. Sa classe s’est terminée à 6 heures du matin, et la bombe a explosé à 7 h 05. A quelques minutes près, toute cette rue était remplie d’écoliers, et cela aurait provoqué un bain de sang. A 7 heures, c’est tout de même une heure de pointe. Nous sommes chanceux. Nous sommes pourtant habitués à être vigilants, après tous ces attentats. Mais c’est l’expérience la plus effrayante pour moi, car c’était juste à côté ».
Par «chance», seulement quatre personnes ont pour l’instant été tuées dans cet attentat perpétré à Dadar, probablement car l’intensité de la bombe était inférieure à celle des deux autres.
Ce jeudi 14 juillet au matin, les classes avaient repris dans le lycée Antonio da Silva, montrant l’espoir des habitants de retrouver une vie normale. La région de Bombay a subi sept attentats ces dix dernières années, coûtant la vie à près de 700 personnes. Le gouverneur la région vient quant à lui de promettre l’équivalent de 8000 euros pour chaque famille de personne tuée dans les attentats.
Les islamistes suspectés
La police et le gouvernement ont rapidement soupçonné, dès mercredi soir, les islamistes d’être responsables de ces attaques, et particulièrement deux groupes, qui sont étroitement liés l'un a l'autre : les moudjahidines indiens et le Lashkar-e-Taiba.
Ces deux groupes sont responsables de dizaines d’attentats dans le pays et à Bombay depuis une dizaine d’années. Le Lashkar-e-Taiba, d’origine pakistanaise, était à l’origine de l’attaque commando contre le grand hôtel du Taj, il y a trois ans, qui avait coûté la vie à 160 personnes.
Mais aucun groupe n’a émis de revendication. Et le ministre de l’Intérieur vient de déclarer que l’enquête ne peut écarter pour l’instant aucune piste, qu’elle soit islamiste, séparatiste ou purement crapuleuse.