Pour New Dehli, l'Assam, c'est loin... C'est une région périphérique, coincée entre l'Himalaya, le Bangladesh, le Bouthan et proche de la Birmanie où l'Ulfa disposait de solides soutiens. Là-bas, c'est un Extrême-Orient indien compliqué, enclavé aux confins du territoire, un « boulet », difficile à défendre. L'Inde a d'autres priorités, notamment la guerre en cours avec le Pakistan.
C'est dans ce contexte que le Front uni pour la libération de l'Assam est fondé en 1979 sur la base de revendications identitaires, culturelles, et en signe de protestation à la fois contre l'immigration clandestine massive des Bangladais et contre la mise à l'écart par New Delhi des projets de développement et d'infrastructures.
Un Etat dans l'Etat
Les premières années sont couronnées de succès. L'Ulfa est un Etat dans l'Etat : influent, populaire, respecté. Mais la violence, les attentats, les assassinats politiques, l'impôt révolutionnaire ont raison du soutien de la population et de la patience de New Delhi qui impose son administration directe, militaire, en 1990.
Sous l'amicale pression de la diplomatie indienne, la direction politique perd peu à peu ses soutiens extérieurs. En 2009, le Bangladesh arrête ses leaders et les remet aux autorités indiennes. En décembre 2010, des discussions informelles débouchent sur la libération, sous caution, de la direction politique de l'Ulfa. Les négociations peuvent démarrer. Reste à savoir quelle sera l'attitude des chefs de la branche militaire de l'organisation dont le soutien n'est pas garanti.