Japon : la démission du ministre de la Reconstruction est un nouveau coup dur pour le gouvernement

Le nouveau ministre japonais de la Reconstruction, Ryu Matsumoto, a remis sa démission mardi 5 juillet après des remarques considérées comme insultantes lors d’une visite dans les régions dévastées par le séisme et le tsunami du 11 mars 2011. Son départ affaiblit un peu plus le Premier ministre Naota Kan.

En poste depuis seulement une semaine, Ryu Matsumoto a laissé une impression d’arrogance et d’indifférence qui a provoqué la colère des résidents et des opposants politiques. Il a dit au gouverneur d'Iwate, l'une des préfectures les plus touchées du pays, que le gouvernement n'aiderait pas les municipalités qui n'ont pas proposé de bonnes idées pour la reconstruction. M. Matsumoto a regretté ses paroles brutales et blessantes et a présenté des excuses à toutes les personnes touchées par la catastrophe, lors d’une conférence de presse.

Nouveau coup dur pour le pouvoir

Nommé à la tête du ministère de la Reconstruction le 27 juin 2011, il est le déjà quatrième ministre à démissionner sur fond de scandales et de maladresses depuis que M. Naoto Kan est arrivé au pouvoir en juin 2010. Pour le remplacer, le porte-parole du gouvernement a annoncé la nomination M. Tatsuo Hirano, lui-même originaire de la préfecture éprouvée d’Iwate. Auparavant, ce dernier occupait le poste de vice-ministre rattaché au cabinet du Premier ministre Naoto Kan.

Il s'agit du dernier incident de nature à fragiliser le Premier ministre. Celui-ci fait face à des indices de satisfaction extrêmement bas dans l'opinion publique pour sa gestion du séisme, du tsunami et de la crise nucléaire de Fukushima. Sa cote de popularité s’est effondrée de jour en jour. Le parti d’opposition (conservateur) et une partie de la majorité gouvernementale (PDJ et Centre gauche) réclament son départ immédiat.

La maître de conférences de section politique à l’Inalco, Mme Guibourg Delamotte, indique qu’il y a incontestablement une lutte de pouvoir au sein de la majorité et le gouvernement Kan a une grande difficulté. Le professeur à l'université Waseda, Tetsuro Kato souligne pour sa part que le fait de « nommer la personne la moins adaptée au poste le plus important du pays traduit que la politique du Japon est dans un état délabrement ». Selon lui, c’est le Premier ministre lui-même qui devrait démissionner. Ce dernier incident est une erreur politique majeure pour un gouvernement en phase terminale

Départ de Naoto Kan fin août ?

Naoto Kan a laissé entendre qu'il ne quitterait le pouvoir qu'après l'adoption de trois lois au Parlement, relatives à une deuxième rallonge budgétaire pour la reconstruction, à l'émission d'obligations d'État et à l'utilisation des énergies renouvelables. Le projet de loi de deuxième budget supplémentaire d'aide aux victimes de la catastrophe, portant sur 2 000 milliards de yens (17 milliards d'euros), a été approuvé mardi par le gouvernement et doit être présenté à la mi-juillet aux parlementaires. Une première rallonge de 4 000 milliards de yens (34 milliards d’euros) a été adoptée par le Parlement au début mai.

Les analystes tablent sur un départ du chef du gouvernement autour de la fin août, à la fin de la session parlementaire extraordinaire. Le Parti démocrate du Japon (PDJ, centre-gauche) procèdera alors à la désignation d'un nouveau président, successeur de Naoto Kan, qui sera ensuite élu au poste de Premier ministre par le Parlement.

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