Thaksin Shinawatra a encore une fois gagné un scrutin national en Thaïlande, comme d'ailleurs chaque fois que son parti ou lui-même ont été candidats depuis dix ans. Thaksin, ou plutôt sa soeur cadette Yingluck, puisque le milliardaire condamné dans son pays à deux ans de prison doit se contenter de tirer les ficelles depuis Dubaï, où il vit en exil.
Mais sa victoire semble cette fois sans commune mesure avec ses précédentes performances électorales. Les sondages de sortie des urnes donnent à son parti entre 313 et 299 sièges à l'Assemblée nationale, soit un chiffre très supérieur de toutes façons à la majorité absolue, car la chambre compte 500 députés.
Les Démocrates de l'actuel premier ministre Abhisit Vejjajiva, qui déjà ne contrôlait l'Assemblée qu'à la tête d'une large coalition anti-Thaksin, enregistrent un net recul puisqu'ils ne disposeraient plus que de 152 sièges. Si ce raz-de-marée est confirmé par les résultats officiels, rien ne devrait empêcher Yingluck Shinawat, cette énergique quadragénaire novice en politique, de devenir le nouveau Premier ministre thaïlandais, désigné par des députés qui doivent maintenant se réunir dans les trente jours. Et peut-être même de faire voter une amnistie en faveur de son frère, si l'armée lui laisse cette marge de manoeuvre.