Avec notre correspondante à Jakarta, Solenn Honorine
Quinze ans de prison, cela paraît relativement peu par rapport à la réclusion à perpétuité requise par les procureurs. Mais pour un homme de 72 ans, cela revient, de facto, à le condamner à terminer ses jours sous les verrous.
En dix ans, Abu Bakar Bashir avait réussi par deux fois à échapper à des peines de prison sévères lors de procès pour terrorisme. Ainsi, lorsqu’il affirmait être victime d’un complot et de persécution de la part des autorités, cela semblait crédible à beaucoup d’Indonésiens.
Mais après les quatre mois de procès qui viennent de se terminer, sa longue robe blanche a été bien salie : les témoignages d’anciens associés le présentaient clairement comme un leader aux visées terroristes, le financier d’un camp d’entraînement de jihadistes à Aceh qui visaient, entre autres, à assassiner le président.
Pour les autorités indonésiennes, c’est donc une victoire. Mais elles retiennent tout de même leur souffle de peur de répliques de la part de soutiens de Bashir. C'est pourquoi 3000 policiers avaient été déployés autour du tribunal et la capitale reste en alerte. Car si le mouvement jihadiste indonésien est éclaté entre de multiples groupuscules souvent en désaccord, le vieil homme à la petite barbiche n’en reste pas moins la figure la plus connue de l’islam radical.