Avec notre correspondante à Singapour, Carrie Nooten
L’opposition a eu beau remporter 40% des voix, elle ne récolte que 6 des 87 sièges au Parlement. La faute au mode de scrutin, majoritaire à un tour, fortement favorable au parti d’action populaire qui tient la vie politique depuis l’indépendance de la cité-Etat, il y a 50 ans.
Mais qu’importe, ce qui s’est vraiment joué à ces élections, c’est l’accession de la petite île, jusque là sous régime autoritaire de fait, à la démocratie. « Vos votes disent au monde que vous voulez que Singapour mature vers la démocratie, que nous ne sommes pas qu’une nation obsédée par le succès économique », a lancé hier soir devant des supporters exaltés le chef du parti des Travailleurs, qui sort grand gagnant de ce scrutin.
La fin de l’ère Lee Kwan Yu
Son opposant direct, le ministre des Affaires étrangères George Yeo, a lui-même reconnu qu’un « nouveau chapitre s’ouvrait pour la politique Singapourienne ». Au final, c’était le vrai enjeu de ce scrutin : élargir le débat politique.
Les Singapouriens ne réclament en aucun cas une révolution complète du système, qu’ils reconnaissent plutôt correctement géré même si peu égalitaire. La preuve, ils demandent à George Yeo, plutôt apprécié et qui a perdu dans la foulée son portefeuille ministériel hier soir, de se présenter aux prochaines élections présidentielles !
Ces élections marquent, surtout, le début de la fin de l’ère Lee Kwan Yu, qui a régné en maître absolu depuis cinquante ans sur la cité du lion.