Japon : la détresse des pêcheurs de Yamada

L'inquiétude persiste au Japon où dans la matinée de ce 27 mars, une très forte radioactivité a été mesurée dans la centrale de Fukushima. Le niveau de radioactivité au réacteur n°2 est 10 millions de fois supérieur à la normale, et au large de la centrale installée sur le littoral, le niveau de radioactivité relevé dans l'eau de mer est lui aussi en augmentation. Dans le village portuaire de Yamada détruit par le tsunami et le séisme le 11 mars, Ies pêcheurs réalisent concrètement que leur archipel est aussi vulnérable à l’énergie nucléaire.

Avec notre envoyé spécial à Yamada, Frédéric Charles

Le village de Yamada a été détruit par le tsunami et le séisme le 11 mars. Il est situé à 60 km a l'est de Morioka sur la côte du Pacifique. Son port et ses bateaux ont été détruits par le tsunami. Aujourd’hui ces pêcheurs apprennent que leur archipel est aussi vulnérable à l’énergie nucléaire

 Yamada est un village de pêcheurs à soixante kilomètres de Morioka, dans le nord-est du Japon. Célèbre pour sa baie du même nom, ses fruits de mer, en particulier ses cultures d'huîtres très recherchées des gourmets japonais et étrangers, le village portuaire a été balayé par une vague de quinze mètres de hauteur. Maintenant, ces pêcheurs apprennent que leur archipel n’est pas seulement vulnérable au séisme, mais aussi à l’énergie nucléaire.

Les rares pêcheurs de Yamada, encore présents dans le village, ont trouvé refuge sur une colline qui domine la baie. Ils se méfient des médias si prompts à leurs yeux à en rajouter dans le catastrophisme nucléaire ambiant. Katsuhiko Sasaki est l’un des rares à accepter de nous parler :

« Les courants marins risquent de rendre notre baie radioactive. Je redoute aussi que les vents n'apportent vers notre baie un nuage radioactif. Il y a une telle peur aujourd'hui, c'est à se demander si cela vaut la peine de reconstruire notre village. Personne ne voudra acheter nos poissons et nos fruits de mer s'il y a un risque de contamination alimentaire. Dans ce village, deux cents de nos pêcheurs cultivent aussi des huîtres dans des fermes. »

Il faudra entre cinq et dix ans pour rendre à la baie de Yamada, à son village, toute sa beauté et à ses pêcheurs les produits de sa mer si les techniciens de la centrale de Fukushima parviennent à éviter le pire.

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