Avec notre correspondant à Morioka, Frédéric Charles
Il neige dans le nord-est du Japon. Dans les centres d’accueil de Miyako, une petite ville côtière, isolée, très touchée par le séisme, à 50 kilomètres de Morioka, le froid pousse au bout de leur résistance physique, les survivants les plus âgés. Près de 70% des personnes évacuées ont plus de 65 ans et certaines, manquant de leurs médicaments habituels, renoncent à vivre davantage.
Les secours sont lents et insuffisants. Les régions sinistrées demandent l’aide du monde extérieur. L’on ne rencontre pratiquement pas d’équipe de secours étrangère gouvernementale. Seule présence étrangère, quelques ONG et des sectes religieuses controversées comme l’église de scientologie de l’acteur Tom Cruise. Celle-ci offre des massages de relaxation aux survivants et des prières.
Le gouvernement du Premier ministre Naoto Kan est incapable de faire face à la situation. L’armée japonaise est en charge. Elle compense comme elle le peut les carences et l’incompétence de la bureaucratie et du gouvernement japonais.
Inquiétude autour de la radioactivité
Dans les villages les plus reculés du Tohoku, sorte de Tibet japonais face à l’océan Pacifique, l’électricité commence à peine à être rétablie. Et les sociétés de téléphonie mobile n’assurent que des services de communication d’urgence pendant quelques heures par jour, par satellite seulement.
Ces villages ont dû attendre cinq jours après la catastrophe avant de voir arriver les premiers véhicules de l’armée avec de la nourriture et de l’eau. Et ils n’apprennent qu’aujourd’hui qu’ils risquent, comme à Tokyo, d’être victimes d’un nuage radioactif. Ces villages sont détruits et la moitié de leurs habitants morts ou portés disparus.
Les survivants ne comprennent que maintenant que leur gouvernement leur a fait courir un danger insensé en construisant une vingtaine de centrales nucléaires dans une région à forte activité sismique. En leur faisant croire que toutes les mesures de sécurité avaient été prises pour éviter un accident nucléaire majeur comme dans la centrale nucléaire de Fukushima.