Toute la journée, les efforts se sont poursuivis pour parvenir à refroidir les installations nucléaires de Fukushima-Daichi, en particulier le réacteur n°3 qui contient du combustible mox, c'est à dire un mélange d'uranium et de plutonium potentiellement encore plus dangereux que l'uranium utilisé dans les centrales classiques, du moins capables de rejets radioactifs plus importants que de simple barre de combustibles d'uranium.
Efforts également pour remplir la piscine où se trouvent stockées les barres de combustible du réacteur n°4. Cela s'est passé en deux temps, par le largage d'eau de mer depuis des hélicoptères, et ensuite l’intervention, une demi-heure durant de camions des forces d'auto-défense (l'armée japonaise) qui ont opéré à l'aide de lances à eau.
Résultats dérisoires face aux besoins énormes en liquide de refroidissement, d'autant que le gouvernement, le ministère de la Défense, n'était pas en mesure d'indiquer si l'eau avait atteint sa cible, autrement dit, l'on ignore à l'heure actuelle si les barres de combustibles sont à découvert ou non.
Des risques énormes ont été pris par le personnel aujourd'hui pour effectuer ces manœuvres, ainsi que pour rétablir une ligne à haute tension qui permettrait de réactiver les pompes à refroidissement qui font défaut depuis le séisme.
Scénario du pire toujours d'actualité
Ce que l'on sait, c'est que les températures augmentent sur le site autour des réacteurs n°3 et 4. Les autorités ont indiqué que le rétablissement du système de refroidissement de la centrale ne serait pas rétabli d'ici vendredi matin, et encore, reste à savoir si le rétablissement d'une ligne haute tension permettra la remise en marche des pompes à eau censées permettre le refroidissement, non seulement, des réacteurs mais aussi des piscines de rétention d'eau utilisées pour les barre de combustibles usées, qui restent des matériaux à un niveau de radio activité dangereux et qui elles ne sont pas protégées par une enceinte de confinement.
Il y a aussi, parmi les rares nouvelles positives, l'envoi par le groupe nucléaire français Areva d'un avion de cent tonnes d'acide borique et de matériel de protection. L'acide borique étant une substance chimique capable d'empêcher la réaction nucléaire. Mais là encore, optimisme très mesuré, en raison des délais nécessaires pour que le matériel en question arrive à destination.
Or le temps presse, surtout si les barres de combustible se trouvent à découvert, sachant qu’il n’y a aucune information permettant de savoir s'il reste de l'eau dans la piscine. L'agence japonaise de sûreté nucléaire le reconnaît elle même, elle ignore si la piscine est toujours en eau.
Risques importants pour les sauveteurs
Les hommes qui sont allés ce mardi au péril de leur vie tenter de rétablir le courant dans la centrale de Fukushima ont-ils pris des risques inutiles ? Certains posent la question. Notamment les experts du CNIC, le Centre d'information nucléaire des citoyens.
C'est une organisation indépendante du gouvernement, qui travaille avec des chercheurs, des physiciens. Bien entendu le porte-parole joint par RFI au téléphone s'exprime avec prudence, comme tout le monde il souhaite que le maximum soit fait pour tenter de refroidir les installations nucléaires, pour diminuer le risque démissions radioactives.
Mais, ils sont bien informés des quantités d'eau nécessaires pour obtenir un résultat. Et l'on est très en deçà, parce qu'il faudrait tout simplement beaucoup plus de rotations d'hélicoptère, ce qui se traduirait par l'implication d'un nombre élevé de personnel, du personnel mis en danger, voir sacrifié pour un résultat mitigé.
Ce que suggère le porte-parole de cet organisme, c'est qu’en fait, on envoie peut-être ces gens sur place simplement pour donner l'impression que l'on fait quelque chose, alors qu'il ne s'agit que de vaines tentatives. Encore une fois, tout en lançant le débat, cet interlocuteur, qui se trouve à Tokyo en ce moment, affirme que bien évidemment l'heure n'est pas à la critique du gouvernement et de l'armée, qui font tout ce qu'ils peuvent, mais il faudra sans doute tirer des enseignements de cette gestion de crise, à postériori.
La crise nucléaire a un impact sur l'assistance aux sinistrés
Au total il y a déjà plus de 550 000 personnes évacuées, du fait du tsunami, du séisme et du périmètre de sécurité de 30 km imposé autour du site nucléaire de Fukushima-Daichi. Le problème c'est que ce périmètre de sécurité est déjà manifestement en deçà de ce qu'il devrait être. Les Etats-Unis par exemple ont demandé à leurs ressortissants de ne pas approcher à plus de 80 km.
Les experts japonais du centre d'information sur le nucléaire, eux, estiment même qu'on peut parler d'une centaine de kilomètre, mais c'est assez arbitraire comme évaluation car tout dépend des conditions météo. Et en fait, si le gouvernement pour l'instant se borne à
cette limite des 30 km, c'est que du point de vue logistique, il n'aurait tout simplement pas les moyens d'assurer l'évacuation d'autant de personnes.
Ce 17 mars, il a neigé dans la région sinistrée et l'on demande encore aux Japonais de restreindre leur consommation d'électricité. Le bilan des victimes ne cesse d'évoluer, car certaines personnes meurent malgré leur arrivée dans les centres d’urgence, parce que ce sont des gens affaiblis par la dureté des conditions qu'ils endurent depuis une semaine. Les personnes âgées, les gens qui étaient déjà malade, sont les plus vulnérables.
Mais tout le monde subit les restrictions alimentaires, les restrictions en eau potable et pour se laver. Quant à ceux qui souhaitent rejoindre une autre région, voir quitter le Japon, ils se heurtent également au problème du manque de carburant, surtout s'ils sont dans les zones les plus sinistrées.