Depuis la semaine dernière, la troisième économie de la planète tourne au ralenti. Le tremblement de terre et surtout le tsunami qui l'a suivi font peser une lourde menace sur la santé économique du pays. On estime en effet que les régions du nord-est de l’archipel, les plus dévastée par cette catastrophe, pèsent près de 8% du produit intérieur brut japonais. De nombreuses unités de production automobiles et électroniques y étaient regroupées. A titre de comparaison le tremblement de terre de Kobe en 1995 n'avait concerné que 4% du PIB et son coût avait tout de même atteint les 100 milliards de dollars.
Aujourd'hui ce qui inquiète le plus les industriels, ce sont les approvisionnements en électricité. L’arrêt de onze réacteurs, sur les 55 que compte le pays, a eu en effet un impact direct sur l'approvisionnement de tout l’archipel puisque le réseau électrique est interconnecté au Japon. D'importants délestages ont par ailleurs d'ores et déjà été mis en place notamment dans la région du Kanto qui comprend la mégalopole de Tokyo et qui représente à elle seule 40% du PIB du pays. « Il y a actuellement au Japon un déficit électrique grave qui touche l’industrie, avec de nombreuses usines fermées et une logistique complètement perturbée », rappelle Jean-Marie Chevalier, économiste à l’université Paris-Dauphine et chercheur au Centre de géopolitique de l’énergie et des matières premières. Selon lui, « la situation est difficile et elle devrait l’être durablement ».
Un coût encore difficile à estimer
Ce déficit électrique a en tout cas un impact direct sur l’activité des entreprises japonaises. Directeur de B capital, une filiale de BNP Paribas, Bertrand Lamielle, rappelle qu’ «une grande partie des industries travaillent à flux tendu au Japon, c’est-à-dire avec très peu de stocks ». Dans ce contexte, «l’arrêt de certaines unités va bouleverser l’ensemble de la chaîne de production à travers tout le pays », cet expert. Un bouleversement qui devrait toucher également d’autres pays puisque le Japon exporte une partie de sa production –pièces détachées pour l’automobile et composants pour l’électronique– vers l'Asie, l'Europe et les Etats-Unis.
Cet important ralentissement de l’activité industrielle va en tout cas peser sur l’économie japonaise, qui après dix ans d’incertitudes, affronte aujourd’hui sa pire crise depuis 1945. Et même s’il est encore trop tôt pour évaluer le coût de ces catastrophes en série qui frappent l’archipel, certains experts avancent des estimations de plusieurs centaines de milliards d’euros. Certains économistes restent cependant optimistes et estiment que le Japon est capable de rebondir. Selon eux, la reconstruction devrait permettre au pays de relancer son économie. Et cela alors que les finances du Japon sont pourtant en très mauvais état avec une dette colossale estimée à plus de 200% du PIB.
La catastrophe qui frappe le Japon aura en tout cas des conséquences durables. C'est le sentiment de Laurence Parisot, la présidente du Medef, le patronat français. Elle estime en effet qu’il y aura « un Avant et un Après-Japon », comme il y a eu en 2008, un Avant et un Après-Lehmann Brothers pour marquer la crise financière qui a plongé la planète dans la récession.