Avec notre correspondant à Bangkok, Arnaud Dubus
Le prince Vajiralongkorn est très loin d’avoir le charisme et la popularité de son père. Les frasques de sa vie privée, ses multiples aventures extraconjugales sont connues de tous les Thaïlandais et commentées abondamment sur le réseau internet.
Des télégrammes diplomatiques de l’ambassade américaine à Bangkok datés de janvier dernier témoignent de l’inquiétude de membres du Conseil privé du roi et d’anciens Premiers ministres vis-à-vis du comportement du prince.
Dans une conversation avec l’ambassadeur américain, l’ancien Premier ministre Anand Panyarachun, un politicien respecté, estime qu’il vaudrait mieux que le prince ne devienne pas roi, tout en reconnaissant que son intronisation est inéluctable.
Siddhi Savethsila, un conseiller du roi, explique que la transmission de la couronne à la princesse Sirindhorn, seconde fille du roi, serait une alternative préférable. La principale crainte est que le prince s’immisce dans les affaires politiques du pays, en proie à une crise prolongée depuis 2006. Cela ferait voler en éclats l’image de neutralité qu’essaie, tant bien que mal, de maintenir la monarchie, et pourrait accentuer les divisions déjà aiguës au sein de la société.