Avec notre correspondant à Bangkok, Arnaud Dubus
Les rapports du département des enquêtes spéciales, l’équivalent thaïlandais du FBI, révélés par l’agence Reuters, incriminent les militaires dans deux cas précis : celui du journaliste japonais Hiroyuki Muramoto, tué lors des affrontements du 10 avril 2010, et ceux des civils et d’une infirmière tués dans un temple bouddhique, le 19 mai.
Dans le cas du journaliste, des témoins affirment que les tirs venaient des militaires. En ce qui concerne les personnes tuées dans le temple, qui avait été déclaré zone neutre, plusieurs témoins disent que ce sont des soldats des forces spéciales postés dans le métro aérien qui ont fait feu. Après avoir d’abord nié les faits, les militaires ont reconnu qu’ils avaient tiré, mais disent-ils, simplement pour couvrir leurs camarades au niveau du sol.
Quoiqu’il en soit, le fait que ces rapports officiels aient été gardés secret jusqu’à présent en dit long sur l’embarras des autorités. Malgré d’intenses pressions diplomatiques, le gouvernement japonais n’avait pas pu obtenir ces informations. Les demandes des familles des victimes avaient aussi été ignorées. Ces révélations qui confirment les soupçons de beaucoup de « chemises rouges », risquent fort d’attiser les tensions alors que le gouvernement évoque la levée de l’état d’urgence avant la fin du mois.