Avec notre correspondant à Bangkok, Emmanuelle Michel
Les trottoirs étaient trop étroits. La foule des « chemises rouges » a rapidement débordé sur la chaussée, bloquant le trafic pendant plusieurs heures, au carrefour de Ratchaprasong. C’est ce quartier que les protestataires avaient bloqué pendant deux mois. Les carcasses des bâtiments brûlés lors de la dispersion du mouvement sont toujours là.
L’émotion est forte. Les manifestants demandent que la lumière soit faite sur les violences. L’enquête officielle est au point mort. Orawan, une vendeuse, est écœurée par l’attitude du gouvernement. « Ils parlent de réconciliation, mais c’est trop tard. Les blessures sont trop profondes dans nos cœurs. Le seul moyen d’améliorer les choses serait que justice soit faite et que les droits de l’homme soient respectés », explique-t-elle.
Les « chemises rouges » lancent des ballons marqués d’un point d’interrogation symbolique. La marge de manœuvre du mouvement est étroite. Pour contourner l’état d’urgence, les meneurs parient sur des activités ludiques. Tous les dimanches, Sombat Pongnamanong organise de petits rassemblements. « Nous avons fait de l’aérobic, du vélo, nous avons nagé dans la mer. Nous essayons de trouver des alternatives pour pouvoir continuer notre combat sans que le gouvernement nous tire dessus », dit-il.
En début de soirée, les manifestants se sont dispersés dans le calme. Leurs principaux leaders sont toujours en prison. Ce dimanche 19 septembre, plusieurs milliers de personnes se sont également réunies à Chiang Mai, dans le nord du pays.