Depuis le mois de mars, et le torpillage d'une corvette sud-coréenne, la mer Jaune est le théâtre d'un conflit de «basse intensité». Les incidents sont peu fréquents mais cette année, ils ont été d'une gravité exceptionnelle comme en témoigne le bombardement d'un îlot sud-coréen par l'artillerie de Pyongyang le 23 novembre. C'est un épisode inédit depuis la fin des opérations militaires, en 1953, qui rappelle que les deux Corées (chacune adossée à sa puissance nucléaire, l'une américaine, l'autre chinoise) sont toujours en état de guerre. Et cette semaine, le calendrier militaire prévoit qu'on va donc continuer à jouer avec le feu.
En principe, compte tenu de l'ancienneté du conflit et des risques d'incidents, chacun a pu élaborer une chaîne de commandement à l'épreuve des dérapages. Les officiers ont les nerfs solides. Le problème, c'est que dans ce genre de contexte, on a beau vouloir éviter le pire, à force de vouloir montrer ses muscles à l'adversaire, on n'est pas à l'abri d'une réaction intempestive et d'un enchaînement incontrôlable des événements.
Alors, depuis une quinzaine de jours, les initiatives se succèdent. Les agendas diplomatiques débordent de rendez-vous. Les Américains, par exemple, manifestent à la fois une présence militaire soutenue auprès de leurs alliés et, soucieux de calmer le jeu, dépêchent cette semaine à Pyongyang Bill Richardson, leur meilleur spécialiste du dossier.