Les éruptions de violence politique ne sont pas rares à Karachi, l'issue de ce nouvel épisode n'en demeure pas moins imprévisible. Le chef de la police de Karachi n'hésite pas à parler d'une conspiration visant à déstabiliser la grande ville du Sud qui compte seize millions d'habitants.
Si le gouvernement tente d'éviter le recours à l'armée pour rétablir l'ordre, policiers et paramilitaires sont aujourd'hui à pied d'œuvre. Un couvre-feu est imposé dans une vingtaine de quartiers. Les commerces restent fermés pour la plupart et les transports fonctionnent au ralenti, les patrouilles se multiplient pour éviter un embrasement de la capitale économique. Le feu couve depuis le printemps dernier:
Depuis juin, on compte 300 morts dans des violences attribuées à des gangs contrôlés par des partis politiques. Le MQM, aujourd'hui membre de l'Alliance au pouvoir, est le parti qui domine depuis plusieurs décennies la ville portuaire de Karachi, où sont arrivés les mohajirs (les réfugiés musulmans parlant le ourdou en provenance de l'Inde après la partition). Les responsables de ce parti indiquent que les victimes de l'attaque du marché de Shershah, mardi, sont essentiellement des membres de la communauté ourdoue.
Plusieurs membres de ce parti ont été assassinés ces derniers mois. L'arrivée massive de pachtounes venant de la frontière nord-ouest du Pakistan complique la situation. Ce regain de tension à Karachi pourrait être indirectement lié à l'intensification des opérations à la frontière avec l'Afghanistan.