L'Otan cherche à apaiser les tensions avec le Pakistan

La tension entre le Pakistan et les Occidentaux continue de prévaloir à la suite d’un raid aérien de l’Otan, la semaine dernière. Une des principales voies d’approvisionnement des troupes occidentales déployées en Afghanistan reste bloquée. Les Etats-Unis considèrent que les Pakistanais ne s’impliquent pas suffisamment dans la lutte contre les talibans et les combattants d’al-Qaïda installés dans le Nord-Waziristan.

Les relations entre les Occidentaux, surtout les Etats-Unis, et le Pakistan, ont été toujours difficiles, mais cette fois-ci elles sont proches de la crise. La cause immédiate en est la fermeture par le Pakistan d’une route par laquelle passent les convois de ravitaillement de l’Otan vers l’Afghanistan. La passe de Khyber est bloquée depuis jeudi, et des centaines de camions s’entassent au poste frontière de Torkham.

La décision des autorités d’Islamabad constitue en fait une mesure de rétorsion après l’incident de la semaine dernière. Le Pakistan réagit ainsi à plusieurs attaques d’hélicoptères de l’Otan sur son sol, dont la dernière a tué trois militaires pakistanais, le 30 septembre. Le gouvernement pakistanais se devait de prendre cette mesure, pour calmer son opinion publique, d’autant plus que les attaques aériennes ont fait plusieurs victimes civiles ces derniers temps.

Des dizaines de camions-citernes ont déjà été incendiés

Plus de la moitié du ravitaillement, des équipements et du carburant, destinés aux quelque 150 000 militaires des forces internationales qui combattent les talibans en Afghanistan, transitent par le Pakistan, par la passe de Khyber pour l’essentiel, mais aussi par le Baloutchistan.

A la suite de la fermeture de cette route d’approvisionnement, des milliers de camions transportant du gasoil et d’autres matériaux sont bloqués, sur la route ou autour des terminaux pétroliers. Les talibans profitent de l’occasion pour les attaquer. Ainsi, des dizaines de camions-citernes ont déjà été incendiés.

Le Mouvement des Talibans du Pakistan, allié aux talibans afghans, et qui a fait allégeance à al-Qaïda, a revendiqué ces attaques. Il est le principal responsable d’une vague de quelque 400 attentats – attentats-suicide pour la plupart – qui ont fait plus de 3 700 de morts au Pakistan en trois ans.

Le secrétaire général de l’Otan s’est excusé

La crise peut toutefois être évitée, le secrétaire général de l’Otan s’est excusé, et l’ambassadeur pakistanais aux Etats-Unis a promis que la route va être bientôt ouverte.

Il est évident que le commandement américain au Pakistan essaye d’intensifier le combat contre les bastions des terroristes basés dans les zones tribales du pays. Des opérations aériennes ont été lancées au Nord-Waziristan, seule des sept régions tribales où l’armée pakistanaise n’a pas encore mené d’offensive d’envergure contre les talibans.

De nombreux membres d’al-Qaïda et les talibans ont fui au Pakistan après l’intervention militaire sous commandement américain de fin 2001, intervention qui a renversé le régime des talibans afghans. De ces positions dans les régions tribales pachtounes, qui échappent au contrôle des autorités centrales, ils dirigent la lutte de l’autre côté de la frontière.

Les Etats-Unis estiment que le Pakistan ne lutte pas assez contre les talibans 

Les Américains disent avoir obtenu des Pakistanais l’accord pour s’engager plus avant sur son territoire, là où l’armée pakistanaise est moins efficace, étant débordée par la gestion d’autres fronts et l’aide aux sinistrés des inondations de l’été.

Il est difficile d’établir une liaison directe entre les attaques contre les convois de l’Otan et la menace qui pèse sur l’Europe, mais les analystes n’excluent pas cette hypothèse.

Le Département d’Etat a déjà averti les Américains voyageant en Europe de la possibilité d'attaques terroristes, et les gouvernements européens ont réagi, adoptant des mesures supplémentaires de sécurité.

Les deux alliés n’ont aucun intérêt à envenimer la situation, même si les Etats-Unis estiment que le Pakistan ne lutte pas assez contre les talibans et les activistes d’al-Qaïda installés dans la région tribale du Nord-Waziristan. Un document émanant de la Maison Blanche constate que l’armée pakistanaise évite des engagements militaires qui la mettraient en conflit direct avec les insurgés. Le texte souligne qu’ « il s’agit tout autant d’un choix politique que du reflet de la priorisation des cibles par une armée sous-équipée ».

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