Avec notre correspondant à Bangkok, Arnaud Dubus
C’est une tactique habituelle de la junte birmane : faire un geste quand les critiques de la communauté internationale deviennent trop acerbes. Annoncer la libération d’Aung San Suu Kyi pour après les élections du 7 novembre 2010 n’est pas vraiment une concession significative, car sa détention arrive à échéance à cette date. Et les militaires comptent bien sur une large victoire, large parce que truquée, pour leur permettre de conserver le contrôle du pays derrière la façade d’un gouvernement civil.
Ce n’est pas un hasard si cette annonce intervient à quelques jours du sommet Europe Asie à Bruxelles, auquel la Birmanie participera. L’Union européenne maintient une ligne assez pragmatique vis-à-vis de la junte birmane. Elle la critique à la tribune, mais mise sur une coopération sur le terrain.
Même si Aung San Suu Kyi et son parti sont écartés des élections, la question birmane ne sera pas au centre du sommet. Celui-ci sera focalisé sur les relations économiques et la coopération entre les deux régions. Les généraux birmans le savent. Ils comptent sur la lassitude pour consolider en douce leur emprise sur le pays. Après les élections, ils auraient beau jeu d’affirmer que le pays est dirigé par un gouvernement civil et qu’ils ne sont pas responsables de ses actions.