Avec notre correspondant à Bangkok, Arnaud Dubus
Plusieurs organisations de la minorité Shan le déclarent sans ambages : la production d’opium en Birmanie reste forte à cause de la présence de l’armée birmane dans les provinces frontalières du pays.
Même si les militaires ne sont pas directement impliqués dans la production ou le trafic, ils les favorisent car ils ont besoin du soutien matériel et financier des villageois locaux, comme l’explique KheunsaiJaiyen, directeur de l’organisation Shan Drug Watch : « Au fur et à mesure que les militaires augmentaient le nombre de leurs unités à travers le pays, ils ont établi une politique d’autosuffisance. Chaque unité doit trouver les moyens de se nourrir, de se vêtir... Ces militaires ne sont pas habitués à faire cela eux-mêmes. Ils dépendent des villageois locaux. Or ces villageois cultivent de l’opium. Et les militaires leur imposent des taxes sur la culture de l’opium ».
Le plus souvent, le trafic de la drogue est laissé aux mains des milices pro-gouvernementales locales, chargées d’assurer la sécurité des frontières et de combattre les éventuels rebelles. Selon des organisations Shan, la junte a donné toute liberté à ces milices, qui sont au nombre de plusieurs centaines, pour faire du trafic de drogue, à la condition qu’elles restent loyales à l’armée gouvernementale birmane.