Avec ses quelque 10.000 soldats, l’Armée du Sud de l’Etat Shan (SSA-S) est aujourd’hui la plus grande force armée à se battre contre la junte. Basée à Loi Taileng, un village à la frontière de la Thaïlande, la rébellion revendique l’indépendance de l’Etat Shan, dans le Nord-Est de la Birmanie. Lourdement armés et bien entraînés, les soldats arpentent la jungle chaque jour pour déloger les militaires birmans.
« Les soldats birmans ont envahi nos terres ils y a 57 ans, précise le leader de la SSA-S, le colonel Yawd Serk. Ils doivent se retirer, nous les combattrons par tous les moyens possibles. Mais notre but premier n’est pas de nous battre. Nous patrouillons d’abord pour aider les populations locales ».
Plusieurs ONG dénoncent les exactions des soldats birmans dans cette région, dominée par l’ethnie Shan. 3200 villages y ont été brûlés par la junte ces dix dernières années selon Amnesty International. Cette situation nourrit la rébellion et pousse de nombreux villageois à se placer sous la protection des rebelles. Plusieurs camps de déplacés ont ainsi poussé le long de la frontière birmano-thaïlandaise.
Les Shans racontent l’enfer vécu dans les zones contrôlées par la junte -travail forcé, pillages, viols -, particulièrement dans les villages soupçonnés de sympathiser avec la rébellion. Pour Yawd Serk, les élections prévues par la junte en 2010 n’ont aucune chance de résoudre ce grave conflit : « Les minorités ethniques n’ont pas participé à l’écriture de la Constitution votée en 2008. Donc les élections seront par définition injustes. La lutte armée est notre seule issue ».