Avec notre correspondant à Pékin, Joris Zylberman
Au jeu de celui qui perdra la face en premier, la Chine n’acceptera jamais le mauvais rôle. Après la décision de Tokyo de prolonger de dix jours la détention du capitaine chinois, Pékin a donc mis l’affaire sur le terrain diplomatique.
Un gel des échanges ministériels n’est cependant pas une rupture des relations, mais tout de même, cela faisait presque cinq ans que la Chine et le Japon n’avaient pas connu une brouille pareille. Il faut remonter aux manuels scolaires japonais niant les atrocités nippones de la Seconde Guerre et aux manifestations anti-japonaises en Chine en 2005.
Depuis, les dirigeants de Tokyo avaient cessé d’aller au sanctuaire de Yasukuni où reposent des criminels de guerre et Hu Jintao, le numéro un chinois, s’était rendu au Japon en 2008. Les deux pays avaient même accepté de négocier sur des contentieux historiques, comme l’exploitation des ressources en gaz de la mer de Chine orientale.
Mais avec la collision du chalutier chinois et des deux navires japonais, la Chine refuse désormais de participer à ces négociations sur le gaz et s’apprêterait à exploiter ce qu’elle veut, sans consulter Tokyo, qui menace à son tour de représailles. La tension paraît donc loin de retomber, même s’il est peu probable qu’elle dégénère tant les deux géants asiatiques sont économiquement interdépendants.