Avec notre correspondante à Phnom Penh, Stéphanie Gée
Les co-juges d'instruction ont signé l'ordonnance de clôture qui renvoie en jugement les anciens hiérarques Nuon Chea, dit « Frère n°2 » dans la hiérarchie khmère rouge, leng Sary, l'ex-ministre des Affaires étrangères, son épouse leng Thirith, qui était à la tête du ministère de l'Action sociale, et enfin Khieu Samphan, l'ex-chef d'Etat du Kampuchea démocratique.
Les magistrats ont respecté le calendrier. Quatre jours plus tard, le délai de la détention provisoire du premier d'entre eux arrêté, Nuon Chea, expirait et il aurait alors fallu le relâcher.
Des responsables vieillissants dont la santé est déclinante
Les chefs d'inculpation retenus comprennent les crimes contre l'humanité, les crimes de guerre mais aussi le génocide de l'ethnie cham, qui est musulmane, et des Vietnamiens. Pour Marcel Lemonde, co-juge d'instruction international, cette affaire sera sans doute la plus complexe du genre depuis les procès de Nuremberg.
Jugés plus de trente ans après les faits, ces responsables vieillissants dont la santé est déclinante rejettent toute responsabilité, ne collaborant pas avec la juridiction, en faisant souvent valoir leur droit au silence et sont servis par de redoutables équipes de défense, prêtes à jouer sur tous les vices de procédure.