Avec notre correspondant à Manille, Sébastien Farcis
Le premier témoignage de ce procès historique a été produit par l’assistant personnel d’Andal Ampatuan Senior, le père du principal accusé. Un récit qui a bien montré à quel point ce crime semble avoir été prémédité et orchestré par tout le clan, afin d’empêcher leur rival politique de se présenter aux élections.
Ce témoin à charge a en effet relaté la discussion téléphonique qu’il a entendue entre le père et le fils des Ampatuan, dans laquelle le patriarche aurait ordonné à Andal Ampatuan Jr de tuer les membres du convoi intercepté.
Epargner les journalistes
Cependant, le père du clan aurait églement demandé à son fils d’épargner les journalistes. Une requête que ce dernier, à la tête d’une armée d'une centaine d'hommes, aurait refusé de satisfaire, pour ne pas laisser de témoins.
Ce premier témoignage ouvre un procès d’une ampleur hors normes : 200 personnes sont accusées, et 300 témoins doivent être entendus. Certains comparent déjà l'audience au procès de Nuremberg. Mais la justice philippine, en ce qui la concerne, est surchargée, et pourrait mettre près de dix ans à clore l'affaire. Les avocats des victimes appellent donc à la création d’une cour spéciale pour accélérer la procédure.