Des élections générales qui se jouent serrées en Australie

Au terme d’une campagne électorale de 6 semaines, les Australiens doivent choisir samedi 21 août 2010 leur nouveau Premier ministre entre deux personnalités très différentes. Les questions économiques et la politique de l'immigration, en particulier la question des demandeurs d'asile, sont les deux enjeux majeurs du scrutin.

A moins de 24h des élections fédérales en Australie, les candidats se talonnent dans les sondages. Samedi 21 août 2010, 14 millions d’électeurs australiens doivent se rendre  aux urnes pour choisir leurs 150 députés. L’issue semble incertaine ; après avoir longtemps donné la victoire à Julia Gillard, dirigeante du Parti travailliste et actuelle Premier ministre, un sondage accordait vendredi 50% des intentions de vote au Labor, et 50% au parti des libéraux dirigé par Tony Abbott.

Ces élections vont clore un chapitre étonnant de l’histoire politique australienne. Il y a moins de deux mois, le Premier ministre travailliste depuis 2007, Kevin Rudd, était en effet limogé par son propre parti. Les pontes du Labor craignaient alors que son impopularité ne lui fasse perdre les élections qui se tiennent tous les trois ans. Sa vice- Premier ministre, Julia Gillard, l’a alors remplacé. Ministre de l’Emploi depuis 2007, elle s’était fait connaître pour ses compétences et son caractère mesuré.

La campagne a été difficile pour les travaillistes. D’abord très populaire, Julia Gillard a vu son soutien s’éroder au fil des sondages. Beaucoup lui ont reproché d’avoir participé au putsch contre Kevin Rudd. Surtout, la candidate a dû défendre le bilan du gouvernement travailliste. A priori, elle pouvait se targuer de bons résultats. Ainsi, en matière économique, l’Australie est l’un des rares pays occidentaux à ne pas être entré en récession. Le pays devrait même afficher une croissance de 3,25% en 2010, pour la 20e année consécutive de croissance.

Mais le gouvernement a consacré près de 50 milliards de dollars à son plan de relance économique et le pays s’est endetté. « C’est un endettement faible si l’on compare avec les autres pays de l’OCDE », explique Frank Stilwell, professeur d’économie à l’université de Sydney. Néanmoins, les libéraux en ont profité pour accuser les travaillistes d’être des irresponsables en matière d’économie. Ils promettent quant à eux de réduire l’endettement rapidement. « En fait, les Australiens ne se rendent pas compte de leur chance en matière de bonne santé économique», observe Andrew Main, journaliste pour The Australian.

Les boat people, enjeu électoral

L’immigration, et en particulier la question des demandeurs d’asile, est l’autre enjeu majeur de cette campagne. « Il n’y a que quelques milliers de boat people qui arrivent chaque année. Nous sommes un pays multiculturel. Mais les Australiens ont un sentiment d’angoisse. Comme ils vivent sur une île, ils ont peur d’être envahis. Dans les circonscriptions populaires, c’est un sujet d’inquiétude », remarque le politologue Rodney Smith. Les deux principaux partis ont multiplié les annonces cherchant à montrer leur fermeté en la matière. Le chef du Parti libéral a été jusqu’à proposer de renvoyer directement à leur port d’origine les bateaux de demandeurs d’asile.

Mais au-delà des programmes, les électeurs vont aussi devoir choisir entre deux personnalités très différentes. Ancienne avocate, Julia Gillard 48 ans, vit avec son compagnon, mais elle n’est pas mariée. Elle n’a pas d’enfant et n’a pas caché son athéisme. De son côté, Tony Abbott 52 ans, s’affiche en père de famille. Monarchiste et catholique convaincu, on le surnomme le « moine fou », car il voulait devenir prêtre. Il est enclin aux gaffes et avait ainsi expliqué publiquement que le changement climatique n’existait pas. Samedi, les Australiens auront donc à décider entre deux visions du monde très différentes.

 

Partager :