L'Australie expulse un cheikh islamiste accusé d'être un risque pour la sécurité nationale

C’est l’émoi dans la communauté musulmane australienne après la notification d'expulsion signifiée à un cheikh. Mansour Leghaei va donc être expulsé d’ici un mois d'Australie et obligé de retourner en Iran. Il est pourtant considéré comme un musulman modéré. Mansour Leghaei réside en Australie depuis 1994.

Avec notre correspondante à Sydney, Marie-Morgane Le Moël

Le cheikh Mansour Leghaei, qui vit avec sa famille depuis les années 1990 à Sydney, a moins d’un mois pour quitter le pays. Il est en effet considéré comme un risque pour l’Australie. Mais l’agence de la sécurité nationale refuse de lui dire ce qu’elle lui reproche. Pourtant, le cheikh est considéré comme un musulman modéré, et tous les membres de sa famille ont obtenu le droit de rester en Australie.

« Mettez-vous à ma place, dit cheikh Mansour. Vous vivez dans un pays durant 16 ans, sans incident, et on vous accuse d’être un risque pour la sécurité nationale, sans vous expliquer pourquoi. Si c’était le cas, pourquoi me laisser vivre ici si longtemps ? Je n’ai jamais été mis en prison, jamais été expulsé, j’ai vécu ma vie en paix. La seule chose, c’est qu’on refuse de m'accorder la résidence permanente ».

Le cheikh est soutenu en dehors de la communauté musulmane et des évêques catholiques ont même pris sa défense. Depuis 7 ans, le prêtre anglican David Smith développe avec lui des activités oeucumeniques. Il s’indigne de la décision du gouvernement : « Dans cette communauté, beaucoup se sentent déjà mis de côté du reste de la société australienne. On travaille dur pour tenter de fonctionner ensemble, pour dialoguer et se comprendre entre musulmans et chrétiens. Et je n’imagine rien de plus destructeur pour la communauté musulmane que de leur ôter leur religieux sans leur dire pourquoi ».

Le cheikh a déposé un recours auprès de l’ONU. Ben Saul, directeur du centre de droit international de Sydney, est l’un de ses avocats : « Je ne peux dire s’il est innocent ou coupable car je n’ai vu aucune des preuves contre lui. Tout ce que le cheikh demande, c’est que le gouvernement lui montre les preuves qu’il a contre lui pour qu’il puisse s’expliquer. Sinon, cela signifie que les gens qui ne vous aiment pas peuvent vous dénoncer aux autorités, et vous n’avez aucun recours. Je pense que c’est un cas typique : en année d’élection, les partis politiques veulent apparaître comme étant fermes sur la question de la sécurité nationale ».

Des manifestations de soutien sont prévues dans les prochaines semaines. Si malgré tout, le gouvernement ne change pas d’avis, le cheikh devra donc quitter le pays. Sans explication.

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