La Chine ne pouvait pas ne pas protester contre la tenue des manœuvres américano-sud-coréennes au large de la péninsule. Dans le climat de guerre froide qui entoure le dossier, notamment depuis le naufrage de la corvette sud-coréenne fin mars, on peut donc concevoir que Pékin ait eu la volonté de « montrer ses muscles ». Reste qu'il se trouve que cette dernière gesticulation militaire chinoise n'a pas lieu sur le théâtre d'opération coréen, mais à des milliers de kilomètres plus au sud.
Nous sommes là en mer de Chine Méridionale, c'est à dire au carrefour maritime d'une région qui est l'objet d'une surenchère de revendication. Si on néglige celle de Taïwan (très formelle), outre la République populaire de Chine, nous avons le Vietnam, les Philippines, la Malaisie, l'Indonésie, le sultanat de Bruneï qui se retrouvent par le jeu des traités historiques, des antagonismes régionaux, du partage des eaux territoriales et des zones économiques exclusives, à se disputer des archipels désertiques et des bouts mer imbriqués les uns dans les autres.
Le drame, c'est que ces territoires maritimes renferment des ressources théoriques considérables et qui sont évidemment à l'origine de toute cette agitation.
Et quand la Chine engage des manœuvres maritimes de cette nature dans cette zone, c'est donc une manifestation de souveraineté qu'elle adresse non seulement à Washington, mais également à ses voisins.