Avec notre correspondant à Séoul, Frédéric Ojardias
Un porte-avions nucléaire, deux cents avions de combat et des avions furtifs, une vingtaine de bateaux et de sous-marins et huit mille soldats : voilà l’armada alliée qui participe aux manœuvres militaires au large des côtes coréennes. L’opération, baptisée du doux nom de « Esprit invincible », comprend, ce n’est pas un hasard, des exercices anti-sous-marins. Elle va durer quatre jours et sera suivie d'autres opérations de ce type dans les prochaines semaines.
Séoul et Washington organisent tous les ans des exercices de ce type, déclenchant à chaque fois la fureur de Pyongyang. Mais ce sont les effectifs déployés qui sont remarquables cette année ; ces manœuvres sont les plus massives jamais organisées depuis 1976, l’année où deux soldats américains avaient été tués par des gardes nord-coréens à la frontière.
Les réactions
C’est donc à une véritable démonstration de force que se livrent Américains et Sud-Coréens. Sans surprise, la Corée du Nord a ressorti la rhétorique guerrière dont elle est coutumière. Le régime a exprimé sa colère face à ces manœuvres qualifiées de «provocations pures et simples». Il a aussi promis de répondre «physiquement» à toute tentative d'agression, et a même menacé d'utiliser l'arme nucléaire.
Destinés à dissuader Pyongyang de toute future provocation et à afficher la cohésion de leur alliance militaire, ces exercices inquiètent aussi beaucoup Pékin. La Chine a protesté à de nombreuses reprises, s’opposant à ce que les opérations aient lieu en mer Jaune, c'est-à-dire au large de ses propres côtes. Soucieux de ménager Pékin, Washington a accepté de modifier ses plan initiaux, et de déplacer ses navires en mer du Japon.
Enfin le Japon, lui, ne trouve rien à redire à des exercices qui tiennent à distance son turbulent voisin nord-coréen. Il a même pour la première fois envoyé quatre officiers participer aux manœuvres en tant qu'observateurs.