Avec notre correspondant à Jalalabad, Camille Magnard
La nuit a été longue et angoissante pour les familles d’Ouzbeks de Djalalabad. L’état d’urgence et le couvre-feu décrétés samedi 12 juin ont vidé les rues du centre. Chacun a dû se barricader chez soi, et avec la nuit tombante les tirs de kalachnikov ont retenti dans le voisinage.
Bruits de voitures, cris, fusillades et un peu plus tard sirènes d’ambulances, le scénario s’est reproduit tout au long de la nuit augmentant à chaque fois l’inquiétude des familles. L’électricité coupée, on évite de faire du bruit pour ne pas attirer l’attention des petits groupes de Kirghizes qui patrouillent dans les rues au hasard.
Le seul lien avec l’extérieur, le téléphone qui n’arrête pas de sonner après chaque bruit de fusillade. Les voisins, les amis s’appellent pour prendre et échanger les dernières informations. L’université ouzbeke de Djalalabad a été dévastée, le lycée central incendié, et une quinzaine de maisons dans le quartier ouzbek brûlent. On annonce deux morts et des blessés.
Ce dimanche 13 juin, au petit matin, un calme relatif règne dans la ville. Les plus courageux sortent dans les rues vides pour constater les dégâts. Et déjà, les hommes ouzbeks discutent ensemble des armes à leur disposition, et des possibles représailles à venir.