Avec notre correspondant à Jalalabad, Camille Magnard
A Jalalabad, à 100 kilomètres au nord de Och, la ville était calme ce samedi matin 12 juin 2010. Dans la nuit de vendredi à samedi, quelques coups de feu ont été entendus, et l’inquiétude est réelle dans les quartiers de la ville où vivent majoritairement des Ouzbeks
Comme à Och, des affrontements interethniques ont fait cinq morts ici il y a moins d’un mois, et les habitants espèrent cette fois échapper aux troubles. Et pourtant ceux-ci semblent se propager dans toute cette région de la vallée de la Fergana.
La ville d’Och reste fermée par les militaires kirghizes, et les autorités filtrent sur les routes les voitures avec des passagers d’ethnie ouzbèke. On craint que des renforts de la région ne tentent de rejoindre la ville pour participer aux affrontements entre Kirghizes et Ouzbeks. Dans plusieurs villes voisines de Och, on dénombre déjà des morts, victimes d’incendies et de pillages de quartiers ouzbeks.
Inquiétudes aussi dans le nord du pays, dans la capitale Bishkek. Des habitants de la région d’Och y sont bloqués dans les gares routières, et la tension monte, faisant craindre que les troubles ne prennent une ampleur nationale et ne destabilisent un peu plus le fragile gouvernement provisoire kirghize.
L’ancien président Kourmanbek Bakiev a été chassé du pouvoir il y a deux mois à Bishkek par un soulèvement populaire. Ce samedi, les autorités kirghizes appellaient même les militaires et policiers à la retraite à se rendre à Och, par crainte que la situation ne dégénère en une véritable guerre civile, ici dans le sud du Kirghizstan.