Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion
Jusque tard dans la nuit de mercredi à jeudi, sur la place de Taksim dans le centre d’Istanbul, quelques centaines de sympathisants de l’association IHH ont attendu leurs coreligionnaires, drapeau palestinien en main, et en lançant des slogans contre Israël et à la gloire d’Allah. C’est finalement vers 3H00 locales que les 466 rescapés de la flottille internationale de la paix sont descendus de leurs avions.
Les militants encore choqués ont alors raconté l’heure et demie de combat de corps à corps avant que le navire ne passe sous contrôle israélien. Ils ont expliqué avoir choisi de se défendre par tous les moyens quand ils ont vu les soldats israéliens tirer depuis l’hélicoptère, avant même d’avoir mis le pied sur le bateau. Ils ont fait usage de bâtons ou de chaises, mais jamais d’armes à feu; celles prises aux soldats auraient été jetées à l’eau, mais pas utilisées par eux.
Un assaut brutal
Tous décrivent une extrême brutalité de la part des assaillants, des blessés achevés de sang froid, à bout portant, de tortures comme l’exposition au vent des hélicoptères de dizaines de personnes mouillées, pour leur faire prendre froid. Tous disent aussi n’avoir pas pu ni manger ni boire, ni se rendre aux toilettes, ni dormir. « Nous avons vécu ces quelques heures ce que les Palestiniens vivent au quotidien depuis des années », conclut un de ces témoins.
Avant de passer un contrôle médical, le président de l’Association, Bülent Yildirim, a promis de recommencer : « Si besoin, pour que cesse cet embargo, quand nous le jugerons opportun, nous mettrons à nouveau en marche des citoyens du monde entier pour former des flottilles et des convois terrestres encore plus importants pour entrer à Gaza simultanément par la mer et par la frontière égyptienne ».
Neuf cercueils de militants turcs
L’information n’est pas encore confirmée officiellement, mais les neufs dépouilles arrivées mercredi soir à Istanbul seraient celles de huit de citoyens turcs et un Américain d'origine turque. Autre surprise : plusieurs familles réclament des nouvelles de leurs proches qu’ils n’ont retrouvés ni parmi les rescapés ni parmi les morts. Le président de l’association IHH parle lui aussi d’au moins 3 disparus, racontant que certains ont été poussés par-dessus bord.
Accueillant les blessés à Ankara, le ministre des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu a répété qu’il attendait qu’une enquête complète soit menée, et rappelé que tout devait être fait pour que soit mis fin au blocus de Gaza.