Le Premier ministre japonais démissionne après huit mois au pouvoir

Yukio Hatoyama, le Premier ministre japonais de centre-gauche, a annoncé mercredi 2 juin 2010 sa démission. Il avait atteint un niveau d’impopularité impressionnant alors qu’il n’était en place que depuis huit mois. C’est le quatrième chef du gouvernement qui démissionne en moins de quatre années dans le pays. Et Yukio Hatoyama a non seulement annoncé son départ mais a aussi réclamé celui du secrétaire-général de son parti, mis en cause par la justice dans une affaire de financement occulte.

Le Premier ministre Hatoyama demande au secrétaire général et homme fort du Parti démocrate Ichiro Ozawa de renoncer lui-aussi à son emploi. Yukio Hatoyama démissionne et son départ signifie l’échec de l’alternance au Japon. Son Parti démocrate grâce à Ichiro Ozawa avait mis fin à un demi-siècle de domination du Parti conservateur.

 Espoirs déçus

Hatoyama, c’est l’héritier d’une riche dynastie industrielle, c’est celui qui lors de son arrivée au pouvoir disait vouloir changer le Japon avec une politique au service du peuple et un rééquilibrage des relations avec les États-Unis. C’est celui aussi qui était surnommé « l’extraterrestre » par les médias avec ses yeux globuleux et sa coiffure bouffante, celui qui se prononçait sur un programme de rupture vers une « société fraternelle et une politique basée sur l’amour ». Au final ce fut donc presque 9 mois d’indécisions et de chute libre dans les sondages, sa cote de popularité est tombée de 70% à 18%.

Des promesses de campagne non tenues

Et l’un des plus grands reproches que lui font les Japonais, c’est la reculade à propos du déménagement de la base américaine d’Okinawa. Selon une enquête publiée récemment par le quotidien Yomiuri, le maintien de cette base aérienne américaine située au sud de l’Archipel a suscité jusqu’à 81 % de mécontents. Car ce déménagement constituait aussi une promesse de campagne du Premier ministre.

Les habitants d’Okinawa ne supportent plus la très bruyante base de Futenma située en plein centre-ville et la présence sur leur île de la moitié des 47 000 GIs stationnés au Japon. En renonçant à ce déménagement sous la pression de Washington, Yukio Hatoyama a donc provoqué une véritable hémorragie chez ses soutiens: éclatement de la coalition de centre-gauche avec la démission samedi 29 mai 2010 de la présidente du Parti Social Démocrate.

A cela il faut ajouter son inexpérience, l’arrêt de la privatisation de la poste japonaise, son incapacité à réformer l’économie mais aussi et surtout son absence de leadership. Un Premier ministre incapable de prendre la moindre décision.

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