Etats-Unis : grâce refusée pour Troy Davis, qui devrait être exécuté ce mercredi

Le comité des grâces de Géorgie a refusé d'accorder sa clémence à Troy Davis, 24 heures avant l'heure prévue de son exécution. Vingt-deux ans de combat pour prouver son innocence, quatre dates d’exécution, des dizaines de recours juridiques et une pression internationale croissante… Le cas de Troy Davis est devenu le symbole du débat sur la peine de mort aux Etats-Unis.

Le 19 août 1989 vers une heure du matin, dans la ville de Savannah en Géorgie, un sans domicile fixe sort d’un restaurant dans lequel il vient d’acheter une bière. Sur le parking du restaurant, trois hommes le chahutent puis le menacent. Lorsque l’homme commence à appeler à l’aide, un policier, qui fait des heures supplémentaires en tant que garde de sécurité du restaurant, tente d’intervenir. Un coup de feu part. Le jeune policier, père d’un petit garçon, tombe mortellement blessé. Dès le lendemain, l’un des hommes qui a menacé le sans domicile fixe, Silvester « Red » Coles, se présente spontanément à la police et dénonce Troy Davis. Sa photo étant placardée sur tous les murs, Troy Davis se livre à la police quelques jours plus tard. 

Dès lors, les enquêteurs, convaincus de tenir le tueur, mènent une enquête à charge. Ils négligent notamment d’examiner de plus près le rôle de celui qui est venu dénoncer Troy Davis, Silvester Coles. Sans preuves matérielles, sans ADN, sans empreintes digitales et sans l’arme du crime, les policiers se fondent sur neuf témoignages qui accusent tous Troy Davis.

Dans ces conditions, le procès est rondement mené et, en 1991, Troy Davis est condamné à la peine capitale. En juillet 2007, en septembre puis octobre 2008, il se prépare à être exécuté. Il a dû dire au revoir à ses proches, entendre les détails de la façon dont il allait être exécuté, énoncer ses dernières volontés. En septembre 2008, la suspension de la sentence est intervenue deux heures seulement avant l’heure prévue. « Un traitement qui s’apparente à de la torture psychologique », dénoncent les opposants à la peine de mort.

Des pressions sur les témoins

En août 2009, la Cour suprême des Etats-Unis a donné à Troy Davis la possibilité exceptionnelle de bénéficier d’une nouvelle audience. Sept des neuf témoins sont venus expliquer aux juges comment ils avaient subi des pressions pour témoigner contre Troy Davis. L’un d’entre eux parce que la police lui promettait d’être considéré comme complice, un autre parce que sa peine avec sursis pouvait devenir effective.

Pourtant, le juge a estimé que ces rétractations n’étaient pas crédibles. La Commission des grâces de Géorgie, seule habilitée à commuer la sentence en prison à vie, et dernier recours pour le condamné, a finalement décidé ce mardi 20 septembre de refuser sa grâce. Troy Davis sera exécuté mercredi, à 23h00 (TU), par injection létale, vingt-deux ans après les faits.

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