Maduro pour des législatives anticipées, Guaido annonce de l’aide humanitaire

Au Venezuela, les partisans de Nicolas Maduro et ceux de Juan Guaido défilaient ce samedi 2 février à Caracas dans deux lieux distincts.

Il n'était pas apparu en public depuis le 4 août dernier, lorsqu'il s'était dit victime d'unetentative d'attentat aux drones piégés. Depuis, Nicolas Maduro s'était limité à des apparitions dans des lieux fermés et sécurisés. Vêtu d'une chemise rouge, le président vénézuélien a pris la parole ce samedi devant des milliers de partisans rassemblés avenue Simon Bolivar à Caracas. Alors qu'il affronte un mouvement de contestation sans précédent, il s'est dit favorable à « des élections législatives anticipées cette année », comme le demande l'Assemblée constituante, fidèle au pouvoir en place.

Organisée à l'occasion du 20e anniversaire de la révolution bolivarienne, lancée par son prédécesseur Hugo Chavez, cette manifestation se voulait une démonstration de force pour montrer que Nicolas Maduro peut encore compter sur un large soutien populaire. Des bus affrétés par les autorités ont déversé des centaines de militants habillés de rouge, couleur du chavisme. Ils sont venus de Caracas, mais aussi d'autres provinces. Certains ont voyagé plus de onze heures pour rejoindre la capitale, indiquait notre envoyée spéciale à Caracas, Véronique Gaymard.

Une femme, membre du parti, disait vouloir « défendre la Constitution » et en finir avec la crise économique organisée, selon elle, « par les puissances étrangères ». « Guaido n'est pas légitime, Nicolas Maduro est notre président », « la patrie n'est pas à vendre, on doit la défendre », scandait la foule. « On ne veut pas de confrontation, confiait toutefois un homme âgé d'une soixantaine d'années. Surtout pas de guerre, ce serait catastrophique. »

« Qu’est-ce que qui l’intéresse chez nous ce monsieur Trump à votre avis ? Récupérer notre pétrole, notre or ! Il ne vient pas aider les Vénézuéliens, il ne vient pas parce qu’il nous aime bien, il vient pour le pétrole et l’or, pour nos richesses ! Que ce monsieur Trump s’occupe de son pays et qu’il laisse les autres pays tranquilles ! », lance une femme un peu plus loin.

Des centaines de militants chavistes descendent de bus venus des quatre coins du pays. José fait partie de la milice bolivarienne, un corps spécial créé par le gouvernement. Il flotte dans son uniforme, mais il assure qu’en cas d’invasion américaine, lui et ses camarades ne se défileront pas. « On est préparé pour ça mon ami. Nous, les miliciens, on est prêt pour défendre notre patrie jusqu’à la mort s’il le faut. Physiquement, mentalement et surtout avec les armes que nous donnent les militaires. »

Juan Guaido annonce l'arrivée d'aide humanitaire

A quelques kilomètres de là, l'avenue principale de Las Mercedes et les rues adjacentes étaient également noires de monde ce samedi après-midi. C'est là que se sont donné rendez-vous les partisans du président autoproclamé Juan Guaido. L'importance de la foule a d'ailleurs incité de nombreux manifestants à faire demi-tour pour rejoindre d'autres lieux de rassemblement ou bien rentrer chez eux.

Affublés de drapeaux et de casquettes aux couleurs du Venezuela, ils brandissaient des pancartes « Juan Guaido président ». « Les heures sont comptées pour Maduro », assurait un homme.

C'est devant cette foule hurlant, sifflant et chantant que Juan Guaido a pris la parole. La voix cassée, il a annoncé que de l'aide humanitaire était en route et allait rentrer par le Brésil, la Colombie et une « île des Caraïbes ».

« Soldats, l’heure est venue de se prononcer pour la Constitution, pour l’aide humanitaire et pour le changement dans vos familles en l’honneur des forces armées du Venezuela, a-t-il déclaré. Je vous donne déjà une date de mobilisation : le 12 février. Et ce dimanche, nous allons annoncer quel jour nous allons recevoir l’aide humanitaire dans tout le Venezuela. Et ceci pour porter assistance aux personnes les plus vulnérables et enjoindre les forces armées de permettre l’ouverture d’un couloir humanitaire de façon définitive pour le Venezuela pour répondre aux urgences et mettre en action notre plan pour le pays, notre plan de développement dans tout le Venezuela. »

Un général de l'armée se rallie à Guaido

La question centrale reste le degré de soutien des militaires. Dans une vidéo, le général Francisco Yanez de l’armée de l’air dit reconnaitre Juan Guaido comme président et appelle ses compagnons à en faire de même. Mais pour l’instant, la pression se poursuit sans calendrier. Et Nicolas Maduro a appelé les milices bolivariennes à rejoindre l’armée pour gonfler ses rangs.

Alors que la tension monte entre les deux camps, aucune sortie de crise ne semble se dessiner. Du côté de l'opposition, on annonce d'autres manifestations à venir.

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