Venezuela: l'opposition se prépare à un samedi de forte mobilisation

Le Venezuela se prépare à deux manifestations ce samedi 2 février. La première, convoquée par l’opposition plus mobilisée que jamais depuis l’auto-proclamation en tant que président par intérim de Juan Guaido le 23 janvier dernier. La seconde par Nicolas Maduro ne se tiendra qu’à Caracas. L’opposition va essayer de transformer l’essai après l’immense mobilisation de la semaine dernière.

Avec notre correspondant à Caracas, Benjamin Delille

A en croire Juan Guaido, ce sera la plus grande marche du Venezuela et de l’histoire du continent. L’idée de cette marche, en plus de réclamer le départ de Nicolas Maduro, est de célébrer la fin de l’ultimatum européen.

Plusieurs pays, dont la France, ont laissé huit jours à Nicolas Maduro samedi dernier pour annoncer des élections. Faute de quoi ils reconnaîtront Juan Guaido comme président par intérim. Sauf que Nicolas Maduro a déjà rejeté l’ultimatum. Ces pays devraient donc suivre l’exemple du Parlement européen qui a reconnu l’opposant jeudi.

Mobilisation à l'université

La marche de l’opposition devrait ressembler à celle du 23 janvier. Elle a été convoquée partout au Venezuela, mais aussi dans plusieurs capitales mondiales. Sur le campus de l’Université centrale du Venezuela, la plus grande du pays, des étudiants écrivent des slogans sur des pancartes entre deux cours, assis dans l’herbe. Historiquement acquise à l’opposition, cette université a vu bon nombre d’étudiants partir ces derniers mois.

Estefany, 19 ans, marchera ce samedi. « C’est la dernière opportunité que nous avons, et nous allons en profiter. On est déjà passé par tant de crises, par tant de mauvaises situations économiques. Et avec ça, ce régime oblige beaucoup d’entre nous à quitter le pays, traverser la frontière et abandonner leur famille, leurs amis, tout. »

Ici on est persuadé que Juan Guaido a raison lorsqu’il dit que la marche de ce samedi sera la plus grande qu’ait connue le Venezuela. Mais Andres, étudiant en droit, se dit certain que ce ne sera pas la dernière, car le gouvernement ne montre pas de signe d’ouverture. « C’est une lutte entre eux et nous. Ou ils partent ou ils nous mettent dehors. Mais nous avons beaucoup moins à perdre et nous sommes bien plus nombreux. Donc on marchera jusqu’à ce qu’ils s’en aillent. »

Contre-manifestation

Dans une forme de défi, Nicolas Maduro a lui aussi convoqué une manifestation. Elle aura lieu à Caracas, sur l’avenue Bolivar, pour célébrer les vingt ans de l’arrivée au pouvoir d’Hugo Chavez, son prédécesseur, instigateur de la révolution bolivarienne.

Un bras de fer qui témoigne de la tension qui règne actuellement au Venezuela. Aucun dialogue ne semble pour le moment possible. Cette semaine Nicolas Maduro s’est dit prêt à négocier des élections législatives anticipées, inacceptables pour l’opposition. Quant à Juan Guaido, il a dit ce vendredi qu’il n’accepterait des négociations que si le départ du chef de l’Etat était dans la balance.

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