Nicaragua: sur France 24, Ortega se dit «prêt à discuter avec Trump»

Les tensions sont toujours vives entre partisans et opposants au président Daniel Ortega. Depuis le mois d'avril, plus de 300 personnes ont été tuées et 2 000 blessées. Un mouvement de protestation qui avait commencé contre une réforme de la sécurité sociale, et dont les violences ont été majoritairement attribuées à des milices proches du pouvoir, selon la mission du Haut-commissariat aux droits de l'homme, qui a été expulsée du pays. Dans une interview exclusive à la chaine France 24, Daniel Ortega est revenu sur la crise que traverse son pays et s’est dit, notamment, « prêt à discuter avec Donald Trump ». Il repondait aux questions de Marc Perelman.

France 24 : Je voudrais parler de ce qui s'est passé avec la Commission du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme. Cette commission a dû partir. Ils ont dit qu'ils ont été expulsés. Quelques jours auparavant ce bureau avait publié un rapport extrêmement dur sur les agissements de votre gouvernement depuis le mois d'avril: les experts parlent d’exécutions extrajudiciaires, de disparitions forcées, de tortures, de violences sexuelles. Et ils disent que la plupart des victimes ont été assassinées par le gouvernement ou par des forces paramilitaires.

Daniel Ortega : Ecoutez, tout d'abord, ce rapport est erroné. Comment peut-on écrire un rapport sur un sujet aussi complexe en quelques jours seulement ? C'est un rapport politique dans lequel on reconnait la main des États-Unis. En fait, ces experts ne citent que ce que dit l'opposition. Tout cela dans le but de donner une image négative du gouvernement. Mais ce ne sont que des inventions. C'est une infamie.

Les experts onusiens parlent aussi des Turbas, comme on les appelle. Vous avez dit qu'elles n'existaient pas. Ensuite vous avez dit qu'il s'agissait d'une police volontaire. Il y a des images de ces personnes-là. On les voit armées, masquées. La loi ne prévoit aucun statut pour cette police auxiliaire, accusée de crimes très graves.

La police volontaire n'est pas responsable de crimes.

D’aucun ? Et la police nationale non plus ?

Non plus. Ils ont été attaqués. Comment la police pourrait-elle assassiner des gens ?

C'est ce que disent les Nations unies et les organisations des droits de l'homme.

Mais ces gens n'étaient pas là quand ça s'est passé. C'est une infamie.

Une tentative de dialogue a échoué. Cette tentative s'est tenue sous l'égide de l'Eglise catholique. Mais vous l'avez accusée d'être derrière ceux que vous appelez « les putschistes ».

Je ne peux pas accepter un dialogue auquel participent les États-Unis.

Mais ils n'y sont pas.

Ce sont eux qui imposent les conditions du dialogue ! Lors d'une réunion privée, la conférence épiscopale nous a soumis une proposition de sortie de crise en plusieurs points. J'ai encore le document. Et ces points reprennent les positions de l'opposition et des États-Unis. Cette proposition contenait un ultimatum pour que l'on quitte le pouvoir! De la folie !

Parlons des élections anticipées. Il y a un sondage qui vient d'être publié et selon lequel 80 % des Nicaraguayens souhaitent des élections anticipées.

Des élections anticipées pourraient être graves pour le Nicaragua. Nous devons défendre le respect des institutions. C'est un principe important. Sans cela, nous accepterions que tout gouvernement qui, à l'avenir, serait confronté à des manifestations massives tombe.

Il y a quelques semaines, vous avez dit que ce serait une bonne chose de parler à Donald Trump. Est-ce que vous souhaitez toujours parler avec lui ?

Moi je pense qu'avoir des échanges avec une puissance comme les États-Unis est nécessaire et impératif. Parce que c'est ainsi que l'Amérique latine peut se faire entendre par les États-Unis.

Avez-vous essayé de communiquer avec Trump ?

Non. J'ai dit que j'étais prêt à discuter avec lui.

L'entretien de Daniel Ortega sur France 24

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