« Une gauche divisée : voilà ce qui a sauvé le président Kuczynski », titre l’édition latino-américaine du quotidien El Pais. « 10 députés du groupe parlementaire de gauche, Nuevo Peru, ont quitté la salle quelques minutes seulement avant le vote et ont ainsi empêché la destitution du chef de l’État ».
Le quotidien El Commercio est vent debout contre le « manque total de sérieux » dont a fait preuve l’opposition péruvienne dans le débat qui a précédé le vote. « Ces parlementaires n’ont pas apporté la preuve de leurs accusations contre le président Pedro Pablo Kuczynski. Ils ont ainsi démontré que la procédure de destitution qu’ils avaient initiée n’était pas motivée par la soi-disant incapacité morale du président de diriger le pays, mais par des raisons purement politiciennes », estime l’éditorialiste qui poursuit : « les agitations du passé de monsieur Kuczynski en ce qui concerne Odebrecht ne devraient pas être traitées de façon si légère. »
Ce n’est effectivement pas parce que le président a pu éviter sa destitution que la presse croit en son innocence dans ce dossier de corruption. La Republica par exemple s’adresse directement au chef de l’État en titrant : « le Fujimorisme n’a pas réussi son coup, mais : pas une erreur de plus monsieur le président ».
Cuba : Raul Castro prolonge son mandat de deux mois
A Cuba, le président Raul Castro cèdera son poste en avril prochain au lieu de février comme initialement prévu. Ainsi en ont décidé hier les membres de l’Assemblée nationale, rapporte Granma. L’organe officiel explique que l’élection par l’Assemblée nationale du Conseil d’État, lui-même chargé d’élire le nouveau président, a été fixée au 19 avril. Ce retard fait suite « aux conséquences du passage de l’ouragan dévastateur Irma qui avait déjà causé le report des élections municipales cette année. »
Cette annonce ne surprend pas les observateurs. « Bien que Raul Castro ait répété depuis 2013 qu’il quitterait le pouvoir le 24 février 2018, au terme de son second mandat, certains spécialistes avaient en effet estimé que le président cubain pourrait rester au pouvoir au-delà de ce délai », souligne le Miami Herald. En cause : « toute une série de problèmes économiques parmi lesquels les dégâts causés par l’ouragan Irma, la détérioration des relations avec les États-Unis depuis l’arrivée au pouvoir de Donald Trump et la baisse du soutien financier par l’allié vénézuélien. Le gouvernement cubain a beau affirmer que la croissance économique pour l’année 2017 sera de 1,6 %, les experts indépendants s’attendent plutôt à une croissance négative », conclut le Miami Herald.
Mexique : promulgation de la loi très controversée de sécurité intérieure
Pendant des mois, le texte avait essuyé de vives critiques y compris de la part de l’ONU. Pourtant la loi très controversée sur la sécurité intérieure, adoptée la semaine dernière par le congrès mexicain a été promulguée hier par le président. Enrique Peña Nieto a en effet posé sa signature sous ce texte, rapporte El Financiero. Mais le chef de l’État se dit « conscient que la loi est particulièrement sensible aux yeux de l’opinion publique ». Aussi le président a-t-il décidé qu’elle n’entrerait en vigueur qu’une fois sa constitutionnalité validée par la Cour suprême mexicaine.
Le texte est si controversé parce qu’il pérennise la présence de militaires dans les rues du pays afin de combattre le crime organisé. Cette stratégie a été mise en place par le prédécesseur de l’actuel président, Felipe Calderon, qui avait lancé en 2006 une offensive militaire contre le narcotrafic. Depuis, l’armée accomplit certaines tâches de la police. Mais la violence, elle, a augmenté de façon dramatique au Mexique. 196 000 homicides et 30 000 disparitions depuis 2007 : le bilan de cette offensive contre les cartels de drogues est catastrophique. Et c’est la raison pour laquelle de très nombreux Mexicains ne veulent pas entendre parler de cette nouvelle loi de sécurité intérieure qui entérine, entre autres, la présence des militaires dans les rues mexicaines.
Par conséquent, les réactions à l’annonce de la promulgation du texte sont virulentes et témoignent de l’inquiétude réelle des Mexicains. Le quotidien El Economista a interrogé le collectif « Sécurité sans guerre », qui réunit en son sein plus de 250 organisations à travers tout le pays. « Si le président a des doutes quant à la constitutionnalité de cette loi dangereuse, il devait agir de manière responsable et pas la promulguer », s’exclame le collectif. Les organisations se disent déterminées à lutter pour la révocation de ce qu’elles qualifient de « coup d’État mené par le gouvernement et ses alliés contre les intérêts de la population. Une population qui souhaite régler les problèmes de fonds sans retomber dans l’horreur des 11 années de guerre contre le narcotrafic ».
Au Congrès mexicain, certains élus de l’opposition s’organisent également.
Ils ont maintenant 30 jours pour contester le texte devant la Cour suprême, explique le journal Excelsior. Et les députés devraient y arriver. Car quatre partis de l’opposition disposent de 230 élus au Congrès, alors qu’il ne faut que 165 pour que la plus haute juridiction du Mexique s’empare du dossier.