Réforme fiscale: Donald Trump salue une «victoire historique»

Aux Etats-Unis, le Sénat a adopté la nuit dernière le texte sur la réforme fiscale. La Chambre en a fait de même ce mercredi 20 décembre. Le président Donald Trump n’a pas attendu le vote des représentants pour exprimer sa satisfaction. Il a ensuite invité les parlementaires républicains à célébrer cette victoire à la Maison Blanche.

Avec notre correspondante à Washington,  Anne Corpet

Donald Trump n'a pas attendu que le vote sur la réforme fiscale commence à la Chambre des représentants pour se réjouir. Il faut dire que son issue était jouée d'avance. Par 224 voix contre 201, la chambre basse du Congrès a approuvé le plus grand projet législatif porté par la Maison Blanche depuis le début du mandat.

Le président américain a ainsi salué une « victoire historique » et un « magnifique cadeau de Noël pour les Américains ». Donald Trump a insisté sur le fait que le cœur du projet est de diminuer la pression fiscale sur les classes moyennes, alors que tous les experts s'accordent à dire que ce sont les plus riches qui tireront le plus d'avantages de la loi.

La baisse d'impôts sur les entreprises permettra plus d'emplois, plus de croissance et permettra une augmentation des salaires, fait valoir le président américain. « Aucune administration n'a jamais créé autant d'emplois », affirme-t-il.

Le démantèlement de l'Obamacare

Donald Trump estime également avoir réussi grâce à ce projet à démanteler l'Obamacare, la loi sur la couverture santé. De fait, le texte voté ce mercredi par le Congrès annule un aspect essentiel de cette loi : l'obligation de contracter une assurance-maladie sous peine d'amende.

Bernie Sanders, ancien concurrent d'Hillary Clinton à la primaire démocrate, s'inquiète des conséquences de cette décision. « Le résultat de l'annulation de cette obligation, c'est que 13 millions d'Américains vont perdre leur assurance-maladie. Et par ailleurs, un autre aspect désastreux de cette loi est que, selon les experts, si les jeunes et les gens en bonne santé ne s'assurent plus, les tarifs des assurances vont augmenter de manière significative », estime-t-il.

« Ils n'ont pas réussi à tuer la loi alors ils l'étouffent progressivement », commente pour sa part Bill Pascrell, l'un des rédacteurs de l'Obamacare. Et le représentant démocrate ajoute : « Mais nous pourrons la réanimer, si nous l'emportons aux prochaines élections. »

Séance d'autocongratulation à la Maison Blanche

Le locataire de la Maison Blanche a ensuite reçu les élus républicains du Congrès pour fêter l'adoption de la réforme. Ces derniers l'ont accueilli avec des applaudissements. Cette première loi d'envergure votée sous son administration permet à Donald Trump de clôturer cette année 2017 en ayant tenu une importante promesse de campagne.

Et le président américain n'a pas l'intention de bouder son plaisir. « Cela a été une expérience extraordinaire. Cela n'avait pas été fait en 34 ans, on a battu tous les records. C'est la plus grande baisse d'impôts jamais réalisée, la plus grande réforme », s'est-il félicité.

Les élus se sont succédé au micro, dans un formidable exercice d'autosatisfaction. En ce jour victorieux, Paul Ryan, le speaker de la Chambre, n'hésite pas à employer les grands mots pour flatter un président qu'il critiquait pourtant il n'y pas si longtemps. « Quelque chose d'aussi important, quelque chose d'aussi générationnel, d'aussi profond, n'aurait pas pu être réalisé sans l'exquise gouvernance du président. M. le président, merci de nous avoir menés jusqu'à la la ligne d'arrivée », s'enthousiasme-t-il.

L'ombre du déficit budgétaire

Les élus républicains peuvent savourer leur victoire. Mais il va maintenant falloir assurer le service après-vente, tandis que les Américains se montrent plutôt sceptiques. Selon les sondages, seuls 41 % d'entre eux approuvent le texte.

Il faut dire que le texte prévoit des baisses d'impôts drastiques sans limitation de durée pour les entreprises et que les réductions fiscales qui visent les particuliers ont, elles, une échéance à l'horizon 2027. Selon les experts, cette loi devrait plus profiter aux riches qu'à la classe moyenne. Beaucoup de conservateurs s'inquiètent aussi de voir le déficit budgétaire massivement creusé par la loi.

Quoiqu'il en soit, après ce succès de l'administration Trump, les parlementaires devront se remettre au travail dès ce jeudi. Il leur faut obtenir un consensus pour relever le plafond de la dette avant vendredi, sans quoi il y a risque de « shutdown », comme on dit ici, c'est-à-dire de paralysie de l'administration américaine faute de budget suffisant.

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