De notre correspondant à Buenos Aires,
Beaucoup d’Argentins rejettent la politique économique et sociale du président Mauricio Macri. Les salariés en général, et plus encore les travailleurs informels, ont vu leur pouvoir d’achat baisser en 2016. Et il y a eu des pertes d’emploi, même si le marché du travail semble être reparti au dernier trimestre. Il y a donc un mécontentement d’une partie de la population, mécontentement pris en compte par les syndicats et qui les a conduits, poussés par leurs bases, à appeler à la grève générale de ce jeudi.
Par ailleurs, on est en année électorale. Les législatives de mi-mandat auront lieu en octobre. L’opposition, principalement péroniste, comme le sont les syndicats, a donc choisi d’appuyer et d’amplifier le mouvement. En ce sens, cette grève générale marque un point d’inflexion pour la présidence de Mauricio Macri, dont la cote de popularité a baissé. C’est la fin de sa lune de miel avec l’opinion.
Mais cela ne conduira pas à changer de cap. Macri est convaincu que la libéralisation de l’économie qu’il a mise en route après les années de dirigisme de la péroniste Cristina Kirchner donnera ses fruits dans les prochains mois.
Une popularité encore forte
Malgré ce rejet de la politique du président, il reste peu probable que l’Argentine entre dans une période de troubles. La popularité de Macri, si elle a baissé, reste de l’ordre de 40 %, ce qui n’est pas négligeable. Beaucoup d’Argentins le soutiennent malgré les difficultés. Ils l’ont fait savoir samedi dernier quand des dizaines, sinon des centaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue dans tout le pays pour dire qu’ils faisaient encore confiance au gouvernement et, plus encore, qu’ils ne voulaient pas d’un retour à un passé péroniste marqué par l’autoritarisme et la corruption.
Ces manifestations étaient spontanées : l’appel avait été lancé sur les réseaux sociaux et aucun des partis de la majorité présidentielle n’y a pris part en tant que tel. Ça a été une divine surprise pour le gouvernement, qui se sent encore renforcé par la mobilisation qu’on observe depuis quelques jours, toujours sur les réseaux sociaux, avec le hashtag #JeNeFaisPasGrèveLe6Avril.
Transports arrêtés
Ce jeudi, le pays sera néanmoins paralysé, ne serait-ce que parce que tous les syndicats du transport ont adhéré à la grève. Il n’y aura pas de métro, de bus ou de train. Les aéroports sont auss fermés depuis minuit. Mais beaucoup iront travailler en voiture ou le feront de chez eux, en accord avec leur entreprise.
Ce soir, le bilan de la grève sera difficile à établir. Ce qui est sûr, c’est que deux Argentines se seront affrontées : l’une, plutôt ouvrière et traditionnelle, l’autre, plus « classes moyennes » et moderne. Au gouvernement d’essayer de les rassembler, s’il le peut, au cours des prochains mois.