Pendant que les manifestations de citoyens et de défenseurs des droits civiques se poursuivent dans de nombreuses villes américaines, « plus de cent employés du département d'Etat ont indiqué qu'ils allaient signer dans les jours à venir un mémorandum marquant leur opposition à ce décret du président Trump », annonce le New York Times. Dans une ébauche de ce texte, dont le quotidien a obtenu copie, il est écrit : « Cette interdiction d'entrée sur le sol américain viole le cœur de nos valeurs et notre Constitution que nous, les employés fédéraux, avons juré de défendre ».
Mais le nouveau maître de la Maison Blanche ne semble pas disposé à tolérer une quelconque dissidence. Sally Yates, une fonctionnaire de l'ancienne administration Obama qui assurait l'intérim du ministre de la Justice, « a adopté lundi une position courageuse en refusant de défendre l'indéfendable décret », salue le San Francisco Chronicle. « Car en soutenant le décret anti-musulman elle aurait trahi son obligation solennelle de toujours s'engager pour ce qui est juste, a-t-elle expliqué en ajoutant qu'elle n'était pas convaincue que le décret soit légal. A la fin de la journée, le président Trump l'avait virée », rapporte l'éditorialiste avant de conclure : « Le Congrès doit agir urgemment afin de mettre un terme à toute ambiguïté contenue dans ce décret ».
Le Congrès justement, parlons-en : certains membres de la majorité républicaine commencent à poser des questions auxquelles la nouvelle administration ne semble pas vouloir répondre. C'est en tout cas ce qu'affirme Marco Rubio dans les colonnes de Politico. Le sénateur de Floride et candidat malheureux aux dernières primaires du parti républicain dit avoir tenté d'obtenir des informations supplémentaires sur l'application concrète du décret de la discorde mais que le Département d'Etat a refusé de lui répondre. « J'imagine qu'ils ne savent pas encore quoi nous dire », a répliqué Marco Rubio. « Mais cela ne peut pas durer. Nous exigeons des réponses, et rapidement, car nous recevons beaucoup d’appels de nos électeurs ».
Le doute s'installera-t-il dans les rangs des élus républicains ? L'éditorialiste du Washington Post en tout cas ne résiste pas à la tentation de lancer des piques ironiques en leur direction: « Hey, les Républicains ? On se souvient que vous avez estimé qu'il fallait prendre Donald Trump au sérieux mais pas au mot. Vous avez détourné le regard quand, durant sa campagne, le milliardaire a fait des minorités ses boucs émissaires, s'est laissé aller à ses pulsions incontrôlées et a exhibé ses tendances autoritaires. Mais maintenant ça y est ? Vous êtes inquiets ? » Et le quotidien de conclure : « Ignorant de nombreux signaux d'alarme, les républicains au Congrès ont décidé de ne pas prendre au mot le candidat Trump. Maintenant ils ont un sérieux problème, comme nous l'avons tous ».
Sur le continent, Donald Trump n'est pas le seul chef d'Etat à signer des décrets concernant l'immigration.
« Est-ce que Mauricio Macri tenterait de dépasser les politiques anti-immigration de Donald Trump ? », lance de but en blanc le site de la chaîne vénézuélienne Telesur. Ce lundi, le président argentin a en tout cas signé un décret qui renforcera les contrôles migratoires. Et ceci, explique Los Tiempos, afin de lutter principalement contre les problèmes d'insécurité et de violences causés, selon le gouvernement, par des immigrants ayant des antécédents pénaux. Le décret ne vise pas seulement à empêcher l'entrée sur le territoire argentin de ces migrants mais également à identifier ceux qui s'y trouvent déjà et à expulser ceux qui ne sont pas en règle.
Autre particularité de ce décret: il encourage la délation. Selon La Nacion, un migrant qui collabore avec les autorités pour dénoncer un réseau de passeurs obtiendra automatiquement un permis de résidence.
Pour de nombreux experts interrogés par le quotidien argentin il n'y a aucun doute : « les mesures annoncées augmenteront la pression sur les migrants légaux mais ne proposent que très peu de vraies solutions pour affronter le problème de l'insécurité ».
Colombie : les FARC entament aujourd'hui leur « dernière marche »
C'est le nom donné par le gouvernement à l'ultime étape du transfert des guérilleros vers les zones de démobilisation et où, d'ici six mois, ils devront définitivement avoir déposé leurs armes, explique El Espectador. Et Semana cite le président colombien Juan Manuel Santos qui s'est félicité sur son compte twitter: « Les FARC marchent vers la paix ».