Avec notre correspondante à Washington, Anne-Marie Capomaccio
La décision intervient après une nouvelle analyse de la situation en Afghanistan. Le Pentagone juge que les troupes américaines ne peuvent pas continuer à se retirer au rythme annoncé à l’automne par Barack Obama. La guerre latente entre troupes afghanes et talibanes reste un sujet de préoccupation.
Au début du mois de juin, la Maison Blanche avait déjà accepté d’élargir la marge de manœuvre des hommes sur le terrain. On reste certes sur une mission de conseil et d’entraînement des troupes afghanes, mais les militaires américains ont plus de latitude pour intervenir directement. « En maintenant nos troupes à ce niveau-là, en se basant sur les conditions de sécurité et les capacités de l’armée afghane, nous nous donnons les moyens de fournir une aide sur mesure, pendant que les forces afghanes continuent à s’améliorer », a fait valoir le président américain.
Cercle vicieux
Mais les Etats-Unis sont engagés dans un cercle vicieux. Les talibans demandent un retrait des troupes étrangères avant toute négociation, tandis que Barack Obama exige une négociation pour envisager un retrait.
Ce retrait est donc une promesse que Barack Obama n’aura pas pu tenir au cours de ses deux mandats. Et le président des Etats-Unis l’explique sans détour : il estime que son successeur à la Maison Blanche fera face à une situation moins difficile à appréhender en janvier prochain, avec le maintien de 8 400 militaires américains sur le terrain.
Pour Muslim Shirzad, journaliste à Tolo News, première chaîne afghane d'actualités en continu, cette annonce constitue une excellente nouvelle. Le maintien d'un plus grand nombre de militaires américains permettra de pallier aux difficultés auxquelles font face les forces de sécurité afghanes.
« Cette annonce vient répondre à un besoin psychologique, explique-t-il. La chute de Kunduz, la première grande ville tombée aux mains des talibans, et la situation sécuritaire dégradée dans le reste du pays, ont constitué un tournant. Les Etats-Unis offrent d'une certaine manière un soutien psychologique au gouvernement afghan et aux forces de sécurité en disant "nous restons avec vous pour combattre les talibans". Les pays occidentaux doivent aider l'armée afghane à gagner cette guerre, ce qui est impossible dans l'état actuel des forces de sécurité, qui n'ont pas de commandement expérimenté, ni d'équipements suffisants pour combattre dans un conflit aussi complexe. »
« Les leaders religieux pakistanais qu'on surnomme aussi les pères des talibans ont demandé aux talibans de combattre encore cette saison afin d'arriver en position de force à la table des négociations, poursuit le journaliste. Cela signifie qu'il y a une volonté d'entamer des négociations de paix. Si le Pakistan dit "oui" aux négociations, le processus pourra commencer, car les talibans sont le bras armé du Pakistan. »