Le gouvernement colombien et la guérilla des Farc signent jeudi à La Havane un accord historique sur un cessez-le feu définitif, ouvrant enfin la porte à la résolution d'un conflit qui a ravagé le pays pendant plus d'un demi-siècle.
A la lecture des Unes des journaux colombiens, c’est l’enthousiasme qui prévaut. « L'accord de la fin de la guerre avec les Farc sera signé aujourd'hui », annonce El Tiempo. « Le dernier jour de la guerre », s'exclame Vanguardia. « L'appel de la paix », titre El Espectador.
C'est en se plongeant dans les éditoriaux qu'on se rend compte que malgré leur joie face à un moment historique, les Colombiens ne perdent pas de vue leurs interrogations, espoirs et attentes pour l'avenir de leur pays.
Pour El Espectador la signature d'un accord de paix ne peut pas tout. « Nous continuerons à travailler, à lutter pour l'égalité et la justice sans lesquelles il n'y aura pas de paix véritable », prévient l'éditorialiste. « Sans un système d'éducation égalitaire, il n'y aura pas de paix profonde. Nous avons également besoin d'un meilleur système de santé. Les lois doivent s'appliquer avec la même rigueur en zone rurale qu'à Bogota, et le système judiciaire doit protéger aussi bien le paysan que le docteur. Le véritable désir de paix se traduit par des actions », estime El Espectador.
Après la signature d'un cessez-le-feu définitif et la signature, à venir, de l'accord global de la paix, ce sera au tour des Colombiens de se prononcer. « Dans quelques semaines commenceront les campagnes pour le oui ou le non, lors du référendum que le président Juan Manuel Santos souhaite organiser pour faire valider l'accord par la population colombienne », écrit El Tiempo qui met en garde contre une nouvelle division du pays. « Il sera alors très important de veiller à respecter ceux qui pensent différemment. Nous, qui saluons cet accord et le soutenons, nous devrons regarder avec bienveillance ceux qui y sont opposés. Tout comme nous, ils ne souhaitent que le meilleur pour la Colombie ».
Alors que le président vénézuélien, Nicolas Maduro, fera aujourd’hui partie des invités pour la signature du cessez-le-feu à la Havane, son gouvernement affronte une journée cruciale à Washington.
L’OEA se prononce sur l’application de Charte démocratique au Venezuela
A Washington « doit se réunir le Conseil permanent de l'Organisation des Etats américains afin de se prononcer sur l'application de la Charte démocratique interaméricaine au Venezuela », annonce 2001. Ce mécanisme de l'OEA permet la suspension d'un pays membre en cas d'altération ou de rupture de l'ordre constitutionnel. « Alors que le président de l'Assemblée nationale vénézuélienne et membre de l'opposition Ramos Allup fait le voyage à Washington pour soutenir l'application de la Charte, le gouvernement de Nicolas Maduro tente depuis des jours d'empêcher la tenue de ce Conseil. L'ambiance sera électrique », prévient le quotidien de Caracas.
Le sit-in des démocrates au Congrès américain
A Washington justement, les élus démocrates ont organisé hier une action spectaculaire au Congrès. « Habillés en costumes et tailleurs, les représentants démocrates se sont assis sur la moquette bleue de la Chambre des représentants », rapporte le Washington Post. « J'ai mon oreiller, ma brosse à dents et de quoi manger », a prévenu l'une des élus, signalant ainsi que ce sit-in était fait pour durer. La raison de ce bras de fer: les démocrates avaient réclamé le vote par la Chambre d'un texte limitant l'accès aux armes à feu. Les républicains avaient refusé ce vote.
« Des républicains qui hurlent au scandale en plein hémicycle et tentent de poursuivre l'ordre du jour, tandis que des démocrates assis par terre chantent "We shall Overcome"... Des scènes de chaos, du jamais vu dans l'histoire politique récente des Etats-Unis », résume le New York Times.