Michel Martelly quitte le pouvoir, Haïti n'a plus de président

Michel Martelly a achevé son mandat sans transmettre le pouvoir à un successeur à cause du report sine die des élections. En donnant hier son dernier discours à la nation, il a exprimé ses regrets face à cette situation inédite pour le pays.

Avec notre correspondante à Port-au-Prince,  Amélie Baron

Michel Martelly a expliqué qu'il assumait seul ses échecs et son plus grand regret a été « celui d'élections présidentielles différées ». Il n'a donc pas transmis son écharpe bicolore à son successeur, mais c'est le président de l'Assemblée nationale qui l'a reçue avant que ce symbole du pouvoir exécutif ne soit déposé au musée national, pour l'histoire.

Dans son discours écrit en français et en créole, Michel Martelly a été solennel, en appelant les Haïtiens à continuer à croire au changement, mais, fidèle à son fort tempérament, il a aussi taclé ses détracteurs, saluant au passage sa femme et son fils aîné, accusés par les opposants de détournements de fonds publics. Devant les députés, sénateurs, ambassadeurs étrangers et journalistes, Michel Martelly s'est dit lui prêt à répondre devant le tribunal de l'Histoire.

Une transition à l'horizon incertain

Le vide présidentiel a été constaté par l'Assemblée nationale. Haïti plonge donc dans l'incertitude. Comme le prévoit l'accord de sortie de crise signé samedi, les parlementaires vont maintenant devoir élire un président intérimaire. Ils ont cinq jours pour le faire.

Plusieurs noms circulent déjà, mais il faut d'abord que les élus définissent d'éventuels critères de recevabilité d'une candidature. Dans l'intervalle, c'est le Premier ministre Evans Paul qui gère les affaires courantes. Dans un message prononcé depuis sa résidence hier soir, le chef du gouvernement a appelé à « enterrer les armes » pour permettre le dialogue entre tous les secteurs de la société.

Le pouvoir intérimaire n'est censé durer que quatre mois, le temps de finir le processus électoral et qu'un nouveau président soit élu par suffrage universel. Mais beaucoup d'acteurs impliqués dans la crise reconnaissent déjà que ce délai de 120 jours risque d'être trop court. La transition a débuté ce dimanche en Haïti, personne ne peut dire avec certitude quand elle va s'achever.

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