Avec notre correspondante à Port-au-Prince, Amélie Baron
Aucune issue à la crise électorale n'a encore été trouvée en Haïti. Le pays vit dans l’incertitude après l’annulation des élections présidentielle et législatives, qui devaient se tenir dimanche dernier. Dans ce contexte troublé, le président du Conseil électoral provisoire (CEP) a finalement démissionné vendredi 29 janvier.
Le départ de Pierre-Louis Opont n’est une surprise pour personne, le forum économique qui l'avait nommé avait demandé mercredi sa démission. C'est désormais chose faite. Il justifie sa décision par « des événements tragiques indépendants de sa volonté », qui ont rendu impossible sa mission.
Sa mission, c'était d'organiser des élections pouvant permettre l'installation d'un nouveau chef de l'Etat le 7 février. M. Opont enterre ainsi définitivement le CEP, très décrié et déjà affaibli par la démission de quatre des neuf conseillers qui le composaient.
La refondation de cette instance vient s’ajouter aux nombreux points qui doivent être négociés par les acteurs politiques haïtiens. Le pouvoir exécutif, avec les partis politiques, le Parlement et la société civile, ont désormais pour mission de s'entendre sur la composition et le mandat d'un pouvoir intérimaire, étant donné que le successeur de Michel Martelly n'a pas pu être choisi faute d'élection.
Mais l'actuel chef de l’Etat reste ambigu quant à son départ effectif de la présidence le 7 février prochain. Ses détracteurs refusent catégoriquement une prolongation de son mandat au-delà de cette date. Et certains émettent même l'idée de reprendre totalement le processus électoral de zéro, en réorganisant le premier tour de la présidentielle.
Ingérence internationale
Sur demande de Michel Martelly, l'Organisation des Etats américains (OEA) a décidé de dépêcher en Haïti une mission spéciale pour aider à la médiation. Une intervention étrangère perçue par beaucoup comme une nouvelle ingérence internationale dans les affaires haïtiennes.
Les opposants les plus radicaux au pouvoir en place ont défilé ce vendredi dans les rues de Port-au-Prince, un carton rouge en main adressé à l'OEA. « Le moment est venu pour que l'on prenne le destin de notre pays en main, après 212 ans de litiges et de destructions », soutient Joenson Versailles, un des manifestants.
« L'OEA y est toujours, pour beaucoup, dans ces conflits. Donc, maintenant, on demande à l'international de prendre ses responsabilités et laisser le pays. Je pense que c'est une honte pour Obama, en tant que président noir. Je demande à Obama de se regarder dans le miroir et qu'il nous fasse le cadeau de laisser Haïti avancer », ajoute-t-il.
Les manifestants assurent que les différents partis de l'opposition peuvent s'entendre pour trouver une issue à la crise. Mais à huit jours de la fin du mandat du président Martelly, aucun plan n'a encore été trouvé pour gérer l'intérim, dans l'attente de nouvelles élections.