Avec nos envoyés spéciaux, Stefanie Schüler et Bertrand Haeckler
Au beau milieu d'un carrefour à Sans-fil, un quartier de Port-au-Prince, des hommes dansent autour d'un vèvè, un symbole vaudou tracé avec de la poudre, sur lequel un feu a été allumé. Le maître de cérémonie est enveloppé dans un drapeau haïtien.
« Nous commençons chaque manifestation par une cérémonie très symbolique, explique-t-il. Puisque le président Martelly a désobéi aux forces cosmiques, nous sommes obligés de les invoquer afin qu'elles nous accompagnent et nous protègent. Martelly est l'un des pires dirigeants que le pays ait connus. »
Que fera Martelly ?
Embourbé dans la crise électorale, Haïti ne voit toujours pas de solution venir. Après la démission de deux nouveaux membres du Conseil électoral provisoire, dont son président, le pays n'a désormais plus d'institution capable d'organiser le second tour des élections présidentielle et législatives partielles prévues dimanche dernier, mais reporté encore une fois sine die.
Tous les yeux sont rivés sur le président sortant Michel Martelly, qui a laissé entendre qu'il pourrait rester au pouvoir faute de successeur élu.
Faible mobilisation
La cérémonie terminée, le cortège part à travers les quartiers populaires de la capitale. Courant aux rythmes des camions sonorisés, les manifestants exigent le départ du président Martelly, la mise-en-place d'un gouvernement de transition et la fin de l'ingérence internationale.
« Nous sommes encore dans la rue pour continuer à manifester. Jusqu'au 7 février et au-delà, promet un manifestant. Il faut trouver un accord pour remplacer Martelly le plus vite possible. » Mais en cette lourde période d'attente politique, l'opposition ne parvient pas à mobiliser les foules. Ce samedi, ils n'étaient que 1 500 à sortir dans la rue.