Des excuses 30 ans après. Le président colombien Juan Manuel Santos a demandé pardon au nom de l’Etat, vendredi 6 novembre à Bogota, pour les disparitions suite à l’intervention de l’armée lors de la prise du palais de justice de Bogota par les guerilleros les 6 et 7 novembre 1985. La guérilla du M19, démobilisée en 1990, avait à l’époque attaqué l’édifice et pris des dizaines de personnes en otage, afin de faire pression sur le gouvernement de Belisario Betancur avec lequel des discussions de paix étaient en cours. L’armée avait donné l’assaut et l’opération avait tourné au massacre.
Cet épisode est l’un des plus sanglants de l’histoire du conflit en Colombie. Les bombardements ont fait une centaine de morts et une douzaine de civils soupçonnés de liens avec le M19 ont été victimes de disparitions forcées. C’est lors d’une cérémonie que le président colombien a fait le mea culpa de l’Etat. « En tant que président de la République et chef d’Etat, je reconnais aujourd’hui la responsabilité de l’Etat colombien et je demande pardon », a-t-il déclaré.
Juan Manuel Santos n'a fait que suivre les injonctions de la Cour interaméricaine des droits de l’homme qui a condamné l’Etat en décembre 2014, jugé responsable des disparitions forcées. Le processus de paix en cours avec la guérilla des FARC est sans doute un bon moment pour demander pardon. « Il y a eu ici une action lamentable, absolument condamnable du M19, a poursuivi Juan Manuel Santos. Mais s’il y a eu des failles dans la conduite et les agissements des agents de l’Etat, et bien il faut le reconnaître. »
Cette semaine, l'ancien président Belisario Betancur a lui aussi demandé pardon, ainsi que le député Antonio Navarro Wolff, l'un des principaux chefs du M19 à l'époque. Le bureau du procureur continue d’exhumer des corps. Les proches des victimes exigent la vérité sur ce qui s’est passé, la justice et la réparation. Vingt-six personnes sont poursuivies, dont deux généraux de l’époque.